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La féodalité a disparu, beaucoup des châteaux sont ruinés, mais les eaux descendues des neiges éternelles ont remplacé l’importance militaire d’autrefois par leur rôle industriel. Précieusement captées, parfois dès leur origine dans les solitudes de Belledonne, elles actionnent, à leur arrivée dans la grande vallée, une foule de florissantes industries. Ces eaux, intarissables puisqu’elles sont fournies par les neiges et les glaciers, ont un nom particulier chez les industriels du Graisivaudan : la houille blanche. La définition est heureuse. Les usines qui utilisent sa force motrice font vivre des centaines d’ouvriers à l’issue des vallées latérales. Ce travail, la ganterie, qui occupe presque toutes les femmes, la terre généreuse et féconde sont la cause de l’aisance qui frappe le voyageur.

Domêne est plutôt un gros bourg largement étalé qu’une ville. La combe de Revel y débouche par une étroite issue, les eaux du Doménon font mouvoir les machines d’une papeterie et d’une scierie. Mais déjà, cinq kilomètres plus haut, le torrent a travaillé. Descendu des lacs de la Grande-Voudène ou Doménon, il se précipite dans la gorge ; au-dessous du village de Revel, à la Force, on l’utilise pour faire mouvoir des dynamos qui produisent un courant électrique envoyé au Moû-