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erre sur un lit de graviers. Au fond de la gorge, à deux kilomètres et demi de la source, s’élance, d’un jet, une des plus belles montagnes du Pelvoux, l’Alp-des-Agneaux, dressant sa pyramide triomphale au milieu d’un chaos de rochers, de neiges et de glaciers.

Les derniers groupes d’habitations sont à l’entrée du couloir d’où sort la Romanche, ce sont les hameaux du Pied-du-Gol et d’Arsines, construits sur des éboulis complantés de bouleaux dont le feuillage grêle, agité par le vent, anime seul cette solitude profonde. Une montagne puissante, de fier aspect, dresse sa tête de granit, par delà d’immenses champs de neige, c’est le pic Gaspard, presque inaccessible.

La routa monte toujours par les prés émaillés de narcisses, de myosotis, de renoncules et d’anémones aux couleurs éclatantes. La vaste nappe herbeuse s’étend jusqu’au col du Lautaret, à 2,075 mètres au-dessus de la mer. Là est un refuge d’hiver pour les voyageurs surpris par les neiges. En été, le refuge devient un hôtel pour les touristes, fort bien tenu. C’est une des stations les plus vivifiantes des Alpes. On est au milieu d’un cirque de montagnes immenses : les Trois-Évêchés, le Galibier, le Thabor font face aux étincelantes cimes neigeuses du Pelvoux.