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Quand on a dépassé le tunnel et sa colline grise, d’où les nombreux éboulements d’ardoise soulèvent des flots de poussière, l’aspect du pays change brusquement. Aux roches pelées succèdent des bois et des prés. La Grave, que l’on domine désormais, apparaît sous un aspect moins sévère, grâce au beau plateau de prairies et de cultures qui s’élève au-dessus du bourg. Au printemps, c’est une immense étendue de seigles qui ondulent, entourant des hameaux et des chalets d’aspect misérable, car aucun arbre ne les abrite. La plupart de ces hameaux : les Terrasses, Ventelon, les Hières, Pramélier, Rivet, se serrent autour de chapelles aussi pauvres qu’eux. Mais la teinte brune de ces constructions, leurs balcons et leurs pignons aigus sont d’un certain effet dans cette âpre nature.

Plus sauvage encore apparaît l’immense plateau de Paris, étalé au pied des contreforts des Grandes-Rousses.

La route, après avoir dépassé Villard-d’Arène dont on voit les pauvres toitures en contre-bas, monte entre de beaux pâturages émaillés de fleurs éclatantes. À mesure qu’on s’élève, le paysage devient plus grandiose, la vallée de la Romanche jusqu’alors suivie s’éloigne vers le sud. Le torrent descend d’une gorge profonde où il