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établissements ; les usines de la Fure travaillent surtout l’acier, on y fait tous les objets de taillanderie, gros et petits outils employés pour la coupe du bois et le travail de la terre. Le matériel est un peu vieillot peut-être, mais l’excellence des produits a maintenu l’industrie malgré le taux élevé des salaires ; un ouvrier gagne ici 5 fr. 50, tandis qu’à Givonne, dans les Ardennes, il se contente de 2 fr. 75[1].

Les ateliers de M. Bret, que celui-ci m’a fait parcourir, sont fort intéressants et très bien installés. Chaque année, près de 160 tonnes d’outils ou de pièces de charrue sortent de ces ateliers et vont jusque dans l’Amérique du Sud. On retrouve le même type d’établissements jusqu’à l’issue de la vallée ; ces petits groupes ouvriers ont conservé au pays le caractère agreste et patriarcal de l’ancienne industrie.

  1. D’après une communication faite au Congrès des sociétés savantes de 1806, le premier document qui mentionna ces forges est de 1283. Elles se multiplièrent beaucoup au quinzième et au seizième siècle. Un assez grand nombre de titres permettent de suivre là les progrès de l’industrie du fer en même temps que celle de papier. « Il n’y a d’ailleurs rien d’ailleurs rien que la fabrication des armes ait une grande importance dans une région où la métallurgie est aussi répandue. Rives était, en effet, renommée pour son acier, et les épées qu’on y trempait jouissaient d’une grande réputation. » M. Giraud, conservateur du musée de Lyon, auteur du mémoire sur ce sujet, pense que cette industrie a pu remonter jusqu’à l’époque où les sarrasins étaient maîtres du pays.