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transport a sans doute enrayé l’exploitation ; toute cette région gagnerait au prolongement de la voie ferrée, qui pourrait mettre on valeur les richesses considérables de ces hautes vallées, encore imparfaitement connues.

À mesure qu’on avance, les glaciers se montrent plus nettement ; dominant le pauvre hameau des Fréaux, voici le glacier de Tabuchot, qui se relie au pic de la Meije. La Meije apparaît, d’ici, dans toute sa magnificence, dressant sa tête aiguë à 3,980 mètres, bien au-dessus des hautes cimes voisines. Aux Fréaux, sur le bord même de la route, tombe une des plus belles cascades de la vallée. Le torrent qui l’alimente vient du col de Hachas, dans les Grandes-Housses, mais les eaux ont parcouru des roches schisteuses d’un noir d’encre. Le malin, les sources seules le remplissent, les eaux sont claires ; à mesure que le soleil monte sur l’horizon, les neiges et les glaciers fondent, leurs eaux ravinent les flancs noirs des montagnes et en prennent les teintes. Au moment où la cascade est particulièrement abondante, elle se souille de plus en plus. C’est dommage, le torrent est un des plus gros de ces monts.

La vallée s’embellit ; les mélèzes, devenus plus nombreux, montent jusqu’à la limite des neiges et des glaces. Le glacier de la Meije présente à