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drap la coupe des vêtements et dont certains industriels, connaissant les facultés foisonnantes du talc, frelatent le savon. Là, au sein d’un chaos gigantesque de montagnes dont la Roche-Mantel est la pyramide la plus élevée (3,052 mètres), est la ligne de séparation entre l’Isère et les Hautes-Alpes.


Le paysage change tout à coup. Un immense pic, haut de 3,258 mètres, appelé la pointe de Muretouse, s’élance dans les airs ; au-dessous de lui, surplombant la vallée, se dressant de hautes murailles blanches aux reflets azurés, des éboulis éblouissants d’où un torrent s’élance en cascade, c’est le glacier du Mont-de-Lans, un des plus vastes du Dauphiné. À ses pieds, dans les arbres, est l’ancien hospice de l’Oche, qui servait jadis à abriter les voyageurs pendant les tourmentes de neige, et le hameau des Balmes. Oh ! le bizarre hameau, dont les maisons sont collées contre des roches descendues de la montagne et qui en forment parfois les murailles, véritables tanières couvertes d’immenses dalles d’ardoise. Entre les blocs, de petite espaces ont été transformés en prairies et en champs ; il est peu de coins plus misérables dans les Alpes ; cependant les habitants des Balmes sont d’apparence robuste et les