Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

route actuelle. Sur cette voie on remarque encore la fameuse porte d’Annibal, appelée aussi Porte-Vieille ou Porte-Romaine ; les savants ne sont pas d’accord sur sa destination ; les uns y voient un arc de triomphe, d’autres une porte fortifiée destinée à fermer l’accès de l’Oisans. Un peu au delà du tunnel la vallée offre un petit plan de prairies, un village s’est formé sur la route, village d’auberges et de boutiques dépendant de la commune de Fresney, dont l’église est plus haut, sur une montagne de la rive droite. En face, sur un autre rocher, sont l’église et le chalet de Mizoën. La Romanche, tout à l’heure si profonde, est ici à hauteur de la route, elle coule sous des arbres très verts. Malgré les grands éboulis de la Croix-de-Cassini, le paysage est charmant ; de la Romanche à l’église de Fresney ce n’est qu’une forêt de noyers ; sur l’autre versant sont des sapins, des bouleaux et des frênes.

La Romanche, contenue dans un lit large à peine de trois à quatre mètres, s’agite furieuse, moins furieuse cependant que le torrent de Ferrand, arrivé par une gorge profonde. La route traverse un joli tunnel au pied de Mizoën, dont la belle église commande le défilé. Au delà du souterrain, apparaissent les mélèzes, mais les montagnes sont enlaidies par de très primitives