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très vert, où de beaux noyers Bout épars dans les prairies : c’est le hameau de la Ri voire, faisant face à un large col gazonné, au delà duquel resplendissent les glaces des Grandes-Rousses.

Ce petit coin de la Rivoire est charmant ; la végétation y est d’une vigueur extrême : tilleuls, érables, frênes, merisiers et noyers couvrent les pentes rapides de l’abîme où mugit la Romanche. Partout des arbres ; au delà de la Rivoire, un joli bois de hêtres descend jusqu’au torrent ; en face, sur les flancs d’une belle montagne, le pittoresque village d’Auris groupe ses chalets à pignons aigus, au-dessus d’un torrent dont les eaux tombent en cascade dans la Romanche.

Et le paysage se fait de nouveau tragique : gorges d’une profondeur immense ; sur les flancs, partout, ruissellent des cascatelles, le torrent est à une profondeur telle qu’à peine peut-on deviner ses eaux ; mais leur murmure monte incessant jusqu’à nous. Pour franchir ce passage rendu dangereux par des éboulements fréquents, il a fallu creuser un tunnel dans lequel s’ouvrent des galeries d’où l’œil plonge sur l’abîme. Ce défilé, appelé infernet comme tant d’autres points de ces montagnes, est un des plus remarquables des Alpes ; de tous temps il eut un rôle considérable : la voie romaine le traversait 150 mètres au-dessus de la