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commande le confluent, c’est Pied-Montot, au-dessous duquel descendent des pelouses superbes et d’immenses bois de sapins. Le site est grandiose, rendu plus saisissant encore par le calme de cette extrémité de la plaine où courent des ruisseaux dans lesquels se jouent les truites. Le petit village des Alberges, entouré de jolies cultures et de beaux noyers, précède le pont Guillerme, construit à l’entrée même de la gorge, en vue de Villard-Eymond et de sa blanche cascade. Aussitôt la Romanche traversée, on aperçoit, encore un instant, le Bourg-d’Oisans étalé au pied de sa montagne et l’on pénètre dans la gorge grandiose que la Romanche suit depuis les glaciers de la Meije.

La route s’élève, par des pentes rapides ; dans un site sinistre ; les rochers qui la dominent sont hauts, noirs, à peine égayés par quelques broussailles ; au fond de l’abîme mugit la Romanche roulant des eaux grises ; la route est comme suspendue sur l’abîme ; un moment, elle doit traverser le rocher par un tunnel ; au-dessus de nos têtes, un autre chemin décrit des lacets sur le flanc des montagnes, il conduit à Mont-de-Lans. Par un de ces contrastes si fréquents dans les Alpes, la route, creusée dans les rochers et les éboulis, débouche tout à coup dans un riant amphithéâtre