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Il semblait que cette immense nappe dût subsister éternellement, tant le barrage était puissant ; mais, le 14 septembre 1219, date restée fameuse dans l’esprit des Grenoblois, le barrage céda, les énormes matériaux qui le composaient furent entraînés jusqu’au delà de Séchilienne ; le torrent, prodigieusement grossi, détruisit tout sur sa route, enfla le Drac, qui, alors, se jetait dans l’Isère au-dessus de Grenoble ; la rivière, à son tour, envahit la ville, ceux des habitants, de nombreux étrangers accourus pendant une foire et qui n’avaient pu se réfugier dans les monuments élevés de la ville, furent noyés. Les traces de la catastrophe sont encore visibles dans toute la gorge, et la plaine de l’Oisans elle-même, d’une horizontalité absolue, a conservé l’aspect lacustre.

Le chemin de fer traverse le cône de déjection de l’Infernet, en face de la grande Vaudaine. Au delà commence véritablement l’Oisans. La vallée est annoncée par la jolie cascade de Bâton, tombant de rochers superbes, sobrement boisés et aussitôt on est dans la plaine que dominent d’immenses montagnes, vertes de sapins.

Un instant, on aperçoit la vallée d’Allemont, une des plus belles de l’Isère, très large, très verte, sur les flancs de laquelle Allemont et Oz sont mollement étalés. Ce petit coin de montagnes