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sans ou la Grave, il fallait monter en diligence ; maintenant, la locomotive continue sa course ; elle remonte la Romanche et traverse le joli village de Livet, où la route passe un instant sur la rive droite, au pied du rocher de l’Homme, dont l’altitude dépasse 2,000 mètres. Ici, la vallée s’élargit un peu, ses flancs sont couverts de belles forêts, surtout au nord, où les sapins sont d’une superbe venue.

La Romanche roule de rocher en rocher, par une série de chutes puissantes, dont chacune pourrait faire mouvoir une usine comme Rioupéroux.

Ces rochers sont les débris d’un immense barrage formé par des éboulements de la grande Vaudaine, ramification méridionale de Belledonne et de l’lnfernet, un des éperons de la cime du Cornillon. À la suite de grandes pluies, ces montagnes, situées sur chaque rive de la Romanche, avaient en partie glissé dans la gorge et retenu les eaux. L’Oisans tout entier avait été transformé en un lac d’une grande profondeur, qui s’étendait du nord au sud sur près de 15 kilomètres de longueur, atteignant environ 2 kilomètres en largeur. Toutes les habitations furent noyées ; le lac reçut le nom de lac Saint-Laurent. Il s’empoissonna, la pêche fut attribuée aux religieuses de Prémol.