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mique il pourra donner lorsque ses eaux seront entièrement à la disposition des industriels.

Nous remontons la Romanche par le chemin de fer du Bourg-d’Oisans ; sa vallée, à mesure qu’on approche de Vizille, s’entr’ouvre peu à peu entre de belles collines très vertes, tapissées de noyers qui produisent la noix de primeur. Il y a de beaux groupes de ces arbres autour du château de Cornage et du village de Montchaboud.

Au delà de Vizille, le chemin de fer suit jusqu’au Péage le mur d’enceinte du parc. En ce point, la muraille touche presque la Romanche. Là, dit une légende vizilloise, le connétable de Lesdiguières, ayant fait un pacte avec le diable, se vit arrêté. Satan lui avait dit qu’il construirait la muraille pendant le temps qu’il mettrait à parcourir son domaine, mais si les murs étaient achevés avant la fin de la course, l’âme du duc devait appartenir à l’enfer.

Le « Renard du Dauphiné », comme l’appelait le duc de Savoie, accepta le marché. Durant la nuit, toute une légion de diables apporta des matériaux pour édifier le gigantesque rempart. Au moment où Lesdiguières, parti de son château, arrivait vers la fontaine de la Dhuys, la muraille se fermait et le cheval se trouva pris par la queue, tout l’enfer poussa des hurlements de joie, mais