Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

locomotive, d’élégants wagons bien suspendue, avec de larges fenêtres permettant de voir le paysage, et des plates-formes où l’on peut se tenir debout, sont prêts à partir. Derrière les wagons de voyageurs est une longue file de fourgons. Le train se met en marche sur les accotements de la route et file rapidement au bord même de la Romanche dont les eaux rapides, souillées par les débris des glaciers et des ravine schisteux, bondissent sur les cailloux. Des barrages formés de troncs d’arbres forcent les eaux à pénétrer dans un canal bordant l’autre côté de la route. Ce canal est la fortune de la plaine de Grenoble ; il fait mouvoir ses usines, il irrigue ses prairies, répand la fraîcheur autour de lui. C’est une faible partie des forces motrices et fertilisantes que pourrait fournir le torrent, dont la portée atteint quatre-vingt-cinq mètres cubes par seconde. On peut juger de l’importance de ce cours d’eau en le comparant à la Seine : à Paris, le fleuve roule soixante-quinze mètres cubes en moyenne, mais la Seine est calme et lente et la Romanche se forme dans des monts de près de 4,000 mètres d’altitude ; à son confluent avec le Drac, à 264 mètres, elle a parcouru quatre-vingt-dix kilomètres seulement. On comprend la puissance dévastatrice d’un tel torrent, et quelle puissance écono-