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et des Hautes-Alpes, voyait s’ouvrir devant lui un large coin de France. De là, il découvrait Grenoble et ses vastes fortifications dont la possession l’assurait d’une place d’armes précieuse ; il pouvait, au loin, deviner les immenses plaines du Rhône et de la Saône. S’il devenait maître de ce pays, la France lui appartenait de nouveau. Le touriste ne saurait avoir de si larges pensées, il admire simplement ce paysage grandiose : au fond Vizille, son château, ses usines, commandant l’entrée du beau val d’Uriage ; puis les sommets de la Grande-Chartreuse ; des vallées s’ouvrant à tous les points de l’horizon, les unes larges et ensoleillées, les autres étroites et profondes ; au premier plan les forêts et les « laguets » de Prémol, les champs de neige d’Allemont ; tout cela forme un des plus beaux paysages de la France.

La descente vers Vizille est un enchantement, chaque pas révèle de nouvelles beautés. Si l’on s’écarte de la route on trouve autour de Saint-Pierre et de Notre-Dame-de-Mézage des coins admirables par les châtaigneraies où bruissent les cascades. On passe près de l’antique et belle chapelle romane de Saint-Sauveur ; peu après la route atteint enfin un palier, on est descendu pendant six kilomètres. Le lac de Laffrey dort à 911 mètres