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sa marche : le 5e de ligne et les sapeurs du génie. Les soldats hésitaient à tirer sur l’Empereur ; celui-ci, s’avançant, leur adressa ces paroles fameuses :

« Soldats ! je suis votre général, ne me reconnaissez-vous pas ? S’il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son général, me voilà ! »

Les soldats répondirent par le cri de : « Vive l’Empereur ! » et, se mettant à la suite de la vieille garde, descendirent avec elle à Vizille. À la première nouvelle, la ville entière accourait. Les jeunes gens ayant à leur tête le fils du gardien du château de Vizille, Victor Hammer, mon grand-père, alors grand et beau garçon de quinze ans, montèrent à cheval pour se porter à la rencontre de l’Empereur. Victor Hammer est mort l’an passé, c’était le dernier témoin de cette journée pendant laquelle la population de Vizille fît à Napoléon et à ses soldats une réception enthousiaste. Cependant le maire, parlant au nom de la population, rappelait à l’Empereur que la Révolution était née à Vizille, et que si les habitants l’acclamaient, ils espéraient qu’on maintiendrait leurs droits et leurs privilèges.

En descendant la route de Laffrey, l’Empereur, pour la première fois depuis son débarquement et son voyage par les routes encaissées des Basses