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Ces paysans si crédules sont pourtant réputés pour leur finesse. On dit dans le Dauphiné « fin comme un Mateysin » ; défait, ils eut l’esprit plus avisé que leurs voisins, même le nom de la contrée viendrait de l’habileté avec laquelle ils refusèrent de reconnaître les droits des seigneurs, quand, en 1219, la fameuse inondation de la Romanche détruisit aux archives du dauphin les titres féodaux. Cela leur valut le litre de matou on de matois, tandis que dans l’Oisans, où l’on avait reconnu les anciens privilèges seigneuriaux, on fut récompensé par le titre de prud’homme donné aux habitants : les matois de la Mure, les preux de l’Oisans a-t-on dit longtemps et dit-on parfois encore.

La plaine, aux abords de la Mure, est assez morose, la grande végétation ne s’est pas emparée de ce fond d’un ancien lac entouré de hautes et sévères montagnes couvertes de pâturages. Mais bientôt le paysage s’accidente ; ou passe près de la mine d’anthracite de Pierre-Châtel, modeste exploitation d’où le charbon descend, près de la route, par des câbles, dans des paniers munis de patins pour le traînage dans les galeries. Bientôt on atteint un village qui possède de curieux pignons en marches d’escaliers, semblables à ceux