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La Mure eut jadis un rôle important dans l’histoire militaire du Dauphiné, elle a subi pendant la Ligue un siège fameux durant lequel les femmes elles-mêmes, conduites par une d’elles, la Cotte rouge, soutinrent l’assaut contre les catholiques ; ce n’est plus qu’un centre commercial pour les hautes vallées des Alpes dauphinoises. Sa population féminine travaille à la ganterie pour Grenoble ; les chanvres de la Mateysine y sont peignés et tissés, en partie convertis en toiles d’emballage ; les roches voisines fournissent de la pierre à ciment ; enfin une vieille industrie, celle de la clouterie, persiste malgré les grandes manufactures modernes. Mais la Mure vit surtout par le commerce avec les communes voisines, ses marchés et ses foires.

Dans ces hautes régions le paysan est resté quelque peu primitif, il croit encore aux charlatans. Sur la place, l’un de ceux-ci est vêtu, ô combien vaguement, en Arabe. Il s’est fait un burnous avec une pièce de flanelle dont il n’a pas même enlevé la lisière, il s’est plaqué sur la poitrine des médailles de fantaisie. Serrés autour de lui, les Mateysins boivent son boniment, de temps à autre l’un d’eux le tire par son burnous, le mène à part et le consulte. Un homme ainsi vêtu ne peut manquer d’être un grand médecin.