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Sa marque, en tout cas, se retrouve dans toute la ville. À la gare, on n’est point encore à la Mure, les bruyants personnages qui assaillent les voyageurs et semblent vouloir les emballer de vive force dans leurs diligences et leurs breaks sont les conducteurs de véhicules pour Corps et le pèlerinage fameux de la Salette. À un quart de lieue seulement commence la ville, régulière de forme comme une bastide du Midi ; la ligne des anciens remparts est devenue un boulevard. La petite ville a des prétentions ; très propre, elle a des plaques au coin de toutes les rues, portant des noms à la saveur bien locale ; elle est éclairée à l’électricité ; son hôtel de ville, tout flambant neuf, est monumental ; des fontaines nombreuses épanchent des eaux abondantes. On devine qu’une action incessante est exercée sur la voirie. M. Chion-Ducollet doit être un homme actif, un peu fébrile même, il lui faudrait un plus vaste théâtre que cette ville peuplée de trois cents douzaines d’habitants. Peut-être faut-il attribuer à la faible étendue de la Mure les incidents qui ont rendu le maire célèbre ; la simple gestion des deniers communaux ne lui a pas suffi, il a voulu réglementer l’existence de ses administrés. Il ne semble pas d’ailleurs que ces derniers s’en plaignent : ils n’ont pas cessé de lui maintenir leur confiance.