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litée menaçant ruine, on a dû la faire ébouler à coups de canon pour trouver la roche saine. Au fond de l’effrayant précipice, on aperçoit un instant un pont suspendu auquel accède un chemin en zig-zag. Et, toujours plus superbe, se dresse le mont Aiguille dans son merveilleux isolement.

Brusquement, ce tragique paysage fait place à une vallée aimable, verte, fraîche, boisée, au milieu de laquelle surgit une motte, couronnée par un château féodal, défiguré il y a cinquante ans, pour être transformé en établissement thermal. On y conduit, par des machines, les eaux chaudes qui sourdent à 300 mètres plus bas, au bord même du Drac, près d’une belle cascade dont les eaux, se précipitant d’une hauteur de 130 mètres, font mouvoir les pompes. Ce paysage à la fois riant et grandiose n’a pas réussi, cependant, à amener à la Motte d’autres baigneurs que les malades sérieux venant soigner leurs rhumatismes, leurs scrofules, leurs canes et autres affections pour lesquelles ces eaux sont souveraines.

Les montagnes du Thabor, blanches de neige, forment un fond à cette belle vallée de Vaux, plus belle encore à mesure que le chemin de fer poursuit son savant et bizarre tracé. Voici, au loin, les deux viaducs de Loula, d’un grand et sobre effet, à l’entrée d’une gorge sévère. Avant de les at-