Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tagne ; c’est un des sites industriels les plus curieux que l’on puisse rencontrer.

La fabrication des ciments est d’origine récente. L’Anglais James Parquer avait inventé le ciment à prise rapide en 1796 ; le ciment Portland, ainsi nommé de sa couleur rappelant la pierre de Portland employée à Londres, fut découvert, en 1824, par un briquetier nommé Joseph Apsdin. Mais la fabrication resta empirique ; il fallut le génie d’un jeune ingénieur français, Vicat, appartenant au corps des ponts et chaussées, pour donner la formule chimique du ciment. Sa découverte était en telle contradiction avec ce que l’on avait admis jusqu’alors, que l’incrédulité des savants officiels, tels Thénard et Gay-Lussac, fut complète.

Vicat avait dit à peu prés : « Le ciment Portland est le produit de la cuisson d’un mélange aussi intime que possible de calcaire et d’argile. » De Grenoble, où il était ingénieur, on le fit venir à Paris, on lui remit de la chaux grasse et de l’argile et on lui fit préparer et cuire le mélange. Il délaya une pâte ; on la plaça dans des flacons pleins d’eau qui furent scellés et on lui donna narquoisement rendez-vous à un an, supposant qu’on retrouverait une bouillie. Au bout d’un an, on déboucha les bouteilles. O surprise ! Tout ce que Vicat avait dit était vrai, il y avait, au fond de