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rait… Eh bien ! ce serait justice… Tout se paye… Elle aussi payait déjà !…

Un frisson d’angoisse la bouleversa… Alors, d’instinct, elle se leva pour chercher, près de la fenêtre ouverte, l’apaisement de la nuit…

Mais ce n’était plus la nuit, ni même l’aube… Le ciel s’éclairait. Une lueur rose, poudrée d’or, chassait victorieusement l’ombre pâlissante. C’était l’aurore, la radieuse aurore, dans le ciel d’été, purifié par l’orage.

Tout l’être de Claude tressaillit. D’un irrésistible élan, sa jeunesse bondissait vers la lumière ressuscitée dont la flamme semblait refouler tous les fantômes.

Sous son regard, s’éveillait le petit jardin, humide encore de la nuit.

Car l’orage, menaçant la veille, avait éclaté. Claude, maintenant, s’en souvenait. Tandis qu’elle lisait les pauvres pages frémissantes, elle entendait vaguement — oh ! si vaguement !… — les rafales de pluie et de vent, le choc de la foudre dans le ciel obscur où elle ne voyait pas le sillage embrasé des éclairs.

Maintenant, la tourmente était passée. Avidement, elle but l’air, tiède encore, qui frôlait son visage, soulevant ses boucles… les boucles que Raymond de Ryeux aimait à toucher.

Bizarrement, ce souvenir traversa soudain sa pensée. Que c’était donc déjà loin, ce temps-là ! Sur la pente, elle venait de s’arrêter. Quelques feuilles de papier lui avaient soudain barré la route.

Elle s’était arrêtée. Mais cette pente, maintenant, aurait-elle le fier courage de la remonter ?…