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L'ABSENCE 149

Une indéfinissable expression flotta dans le regard de Jacqueline.

— Le soir où vous m’avez poliment exprimé le désir de me faire la cour !... Oui le me rappelle... Mais ce soir-là me paraît maintenant si lointain !... Et cependant, il appartient au commencement de la semaine. Seulement, nous ne nous sommes guère quittés depuis huit jours... C’est pour cela que nous sommes aujourd’hui comme de vieilles connaissances. Les années de campagne comptent double !

Elle disait tout cela d’un accent drôle et joyeux, laissant, comme un bébé, son ombrelle traîner der- rière elle. À son corsage se fanaient les violettes que M. de Balme lui avait offertes, qui l’enveloppaient d’une senteur fraîche... Souple dans son costume de serge blanche, coiffée d’une toque emplumée dont les ailes se dressaient en un jet audacieux, la peau dorée, les prunelles ardentes et tendres à travers le voile des cils, elle avait une grâce capiteuse dont Gérard se grisait.

Tous, maintenant, cheminaient dans la petite île désertée que le printemps fleurissait. À travers la dentelle des branches, baignées de verdure nouvelle, s’épandait le beau ciel limpide. Les rares maisons, au toit de tuiles rouges, avaient la gaîté d’un rire de fillette.

Lentement. Gérard et Jacqueline suivaient les groupes qui se dirigeaient vers l’église, sous le cou- vert des arbres. Quelques chaumières l’avoisinaient ; et aussi un humble musée, devant lequel jouaient des enfants, pieds nus dans la poussière, qui, à la vue