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L’ABSENCE




I


— Jacqueline, mon amour, ma précieuse petite fiancée, ne pleurez pas ainsi ! Soyez brave, par pitié pour votre ami qui est à bout de courage, maintenant que les minutes près de vous sont comptées !

La violence de l’émotion cassait la voix de Pierre Chartrans. la faisait presque rude, malgré la douceur des mots.

Debout près de la jeune femme, devant la flambée claire du feu, il l’attira d’un geste qui l’enveloppait toute, très tendre : et il écarta le menu chiffon de batiste où elle enfouissait son visage. Des lèvres, alors, il but les larmes qui mouillaient les paupières et dont la brûlure marbrait la peau fine, fleurant la violette. Sans un mot, sans un mouvement, elle resta blottie sur sa poitrine.

Et un silence tomba dans le salon où la lampe, voilée de rose, épandait une clarté souriante sur les tentures claires et les meubles laqués de blanc, sur la profusion des bibelots, dispersés parmi les fleurs et les plantes vertes, sur les tables, les étagères, même sur le piano à queue où demeurait, encore ouverte, la