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« Les commissaires ayant accepté, il leur a été délivré le présent extrait. Signé, Delavigne, vice- président; Garnier, vice-secrétaire. »

M. le Président a répondu : (Messieurs, l'As- semblée remercie MM. les électeurs du tiers-état de Paris des sentiments qu'ils lui ont témoignés par votre organe. Nous sommes charmés que vous soyez ici les témoins du zèle qui nous anime pour le bien public, et vous redirez aux dignes ci- toyens qui vous envoient vers nous que les or- dres sont en partie réunis, et que nous espérons qu'ils le seront bientôt complètement.

MM. delà députation ont été invités à s'asseoir, et à assister à la séance.

M. Doucholte, commissaire du comité de véri- fication, a dit que le comité avait eu sous les yeux les pouvoirs remis par MM. Cousin, curé de Cucuron; Guédant, curé de Sain t-Trivier; Bottex, curé de Neuville-sur-Ains ; Périer, curé d'Etampes ; Vallet, curé de Gien; Tridon, curé de Rongères ; Blandin, curédeSaint-Pierre-le-Puellier; Delettre, curé deBerny-Rivière; le vicomte deToulongeon, le comte de Grillon, le vicomte Désandrouins, le duc d'Orléans, le marquis de Biencourt, le comte de Montmorency, le chevalier de Maulette, le comte de Lally-Tollendal, le marquis de Latour-Mau- bourg.

Que ces différents pouvoirs étaient sans con- tradiction, et avaient paru en bonne forme. L'As- semblée a reconnu les députés ci-dessus nommés pour légitimes.

M. Bouchotte a dit que M. le comte de Lally étant absent en ce moment, il croyait devoir lire un projet de discours joint à ses pouvoirs que l'Assemblée venait de vérifier. Ge discours a été lu ; il est de la teneur suivante :

c Messieurs, je me présente à cette auguste As- semblée, adhérant de cœur et d'esprit à ses dispo- sitions, mais n'étant point maître de ma volonté sur tous les objets. Je viens me soumettre à une vérification commune. Elle a toujours été dans mes principes, ainsi que dans mon cœur, et elle ne m'était pas interdite par mon mandat.

« Malheureusement ce mandat ne m'a pas laissé aussi libre sur l'opinion par tête. Il est possible qu'il paraisse moins limitatif à d'autres députés dont je respecte la délicatesse autant que je crois à la mienne, et dont les vertus et les lumières doivent rendre l'opinion imposante. Mais l'obli- gation qu'entraîne un serment dépend de l'idée qu'on y a attachée en le prêtant. Or, dans l'ins- tant où j'ai prêté le mien, je me suis cru, et je me crois, encore invinciblement enchaîné à l'opi- nion par ordre.

« On ne transige point avec sa conscience. C'est elle qui m'a impérieusement ordonné la dé- marche douloureuse, consolante et sacrée à la- quelle je viens de me déterminer; mais c'est elle aussi qui m'ordonne, non moins impérieusement, de retourner à mes commettants, et de leur de- mander de nouveaux pouvoirs.

« S'ils sont conformes aux vœux de mon cœur, et, je ne crains pas de le dire, aux besoins de la patrie, je reviens, Messieurs, m'éclairer par vos lumières, m'enflammer par vos vertus, et joindre ma faible contribution à ces immenses et glorieux travaux par lesquels vous allez assurer le bon- heur de la France, celui de tous les ordres de ses citoyens, et celui du monarque si digne de leur amour.

« Si ma liberté ne m'est pas rendue, alors, Mes-

sieurs, je remets avee résignation à mes commet- tants une mission que je ne croirais plus pou- voir remplir fructueusement, et mes vœux, mes regrets, mes respects vous suivront de loin dans votre noble carrière.

« Ma résolution est invariable. Je ne sais, Mes- sieurs, si ma conduite vous paraît fondée, mais j'ose vous assurer que mon motif est pur; et si c'est une erreur, je demande votre indulgence pour une erreur de la probité.

« Je vous prie de vouloir bien me donner acte du discours que je laisse signé, sur le bureau, en y laissant mes pouvoirs.

« Dans la salle de l'Assemblée nationale, ce vingt-cinq juin mil sept cent quatre-vingt-neuf. Signé, le comte de Lallv-Tollendal, député des citoyens de la ville de Paris.

M. Frétcàu observe que l'Assemblée ne devait pas donner acte de cette déclaration ni permet- tre que M. de Tollendal se retirât devers ses com- mettants avant que l'Assemblée eût statué sur cet objet.

M. Target demande qu'on prononce sur-le- champ sur les pouvoirs impératifs.

L'Assemblée renvoie à statuer sur ces proposi- tions jusqu'après la vérification des pouvoirs.

M. de Lally-Tollendal est entré, et a dit : Messieurs, j'ai regretté que ma santé m'obligeât de m'absenter pendant quelques instants de cette Assemblée, et qu'un autre que moi ait eu l'hon- neur de vous lire la déclaration que f'ai cru de- voir déposer hier sur le bureau en même temps que mes pouvoirs.

Messieurs, les considérations les plus pres- santes, des considérations qui me sont person- nelles, et qui pesaient également sur ma con- science et sur mon cœur, m'ont forcé de sortir de ligne pour vous faire cette déclaration. Personne ne devait être plus sévère que moi sur l'engage- ment par lequel je me crois encore lié. Personne ne l'avait vu aussi obligatoire que moi ; personne ne l'avait défini comme je l'ai défini devant l'or- dre entier de la noblesse, dans ma motion du vingt-neuf du mois dernier. Je dois le dire ici pu- bliquement par respect pour mon devoir, pour l'Assemblée et pour mes collègues.

J'espère, Messieurs, que cette déclaration a trouvé grâce à vos yeux. Peut-être mon zèle ne vous est-il pas entièrement inconnu. Peut-être quelques-uns de mes efforts sont-ils parvenus jus- qu'à vous, du moins jusqu'à plusieurs membres de cette illustre Assemblée, dont j'ai recherché les vertus et les lumières.

J'ose vous assurer, Messieurs, qu'il m'a fallu plus de courage pour vous annoncer un instant d'incertitude dans ma position, qu'il ne m'en fau- dra jamais pour défendre vos intérêts, si j'en étais digne, dans les circonstances les plus difficiles.

M. Bouchotte reprenant son rapport, a dit que le comité avait eu pareillement sous les yeux les actes remis par MM. Blandin, député du clergé du bailliage d'Orléans, et Delettre, député du clergé du bailliage de Soissons, qui ne consistaient que dans les procès-verbaux de leur prestation de serment, où leur élection est énoncée, et que ces actes étaient sans contradiction et en bonne forme. L'Assemblée a arrêté que MM. Blandin et Delettre rapporteraient les procès-verbaux de leur élection sous quinzaine, et que cependant ils auraient séance provisoire.