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calomnie les institutions, nous l’avons vue portant les coups les plus mesurés et les plus sûrs au despotisme ministériel, donnant à tout rempire le premier mouvement de liberté, mais d’une liberté toujours forte et toujours prudente, accordant tous les devoirs, conciliant tout ce qui est dû à la prérogative du trône, aux vertus du Roi, aux droits des peuples ; réclamant pour les Bretons captifs ; réclamant pour les magistrats exilés ; consultée par la plupart des autres provinces ; leur donnant la leçon et l’exemple de sacrifier leurs privilèges particuliers à l’intérêt général de tout le royaume, nous l’avons entendue répétant sans cesse ce en sauveur de l’Etat : « Ne soyons plus Dauphinois, Béarnais, Bretons, Provençaux, soyons Français, Messieurs ; nous é’ions menacés alors, nous étions attaques dans nos droits les plus chers, nous envisagions des défenseurs dans les Dauphinois ; nous étions remplis pour eux d’admiration, de reconnaissance. Tous ces sentiments se seraient-ils effacés avec le danger ? Nous croirions-nous déjà assez loin de tout danger pour pouvoir être ingrats impunément ? Et pour prix de la paix et do la liberté qu’ils ont apportées, leur renverrons-nous le trouble, la discorde, les naines que nous pouvons étouffer par notre jugement et auxquelles nous les livrerions en renversant leur constitution.

Sans doute, ils ont fait une faute et la justice me force de l’avouer au milieu de tous les hommages que je leur rends. Ils ont fait une grande faute dans ce mandat obligatoire dont ils doivent aujourd’hui sentir les conséquences. Mais la faute peut se réparer et disparaître, et le bien qu’ils nous ont fait restera toujours. D’ailleurs, cette question est étrangère à celle que nous traitons actuellement, dussent leurs députés être obligés de se retirer dans quelques jours, du moins alors leur retraite sera volontaire. Ce ne sera pas nous qui l’auront forcée, nous n’aurons

fas à en répondre. Ce sera la suite, ce sera, si on veut, la peine de leur erreur, ce ne sera pas l’effet de notre injustice.

Enfin, Messieurs, en terminant mon opinion, je songe encore et je songe avec satisfaction que la cause des Dauphinois est particulièrement la cause de la noblesse. Lorsque l’heureuse révolution qui se prépare sera consommée, lorsque l’histoire en retracera l’intéressant tableau, elle sera obligée de remarquer que tous les ordres et tous les citoyens n’auront pas marché partout d’un pas égal. Peut-être sera-t-il quelques parties du royaume où la noblesse se sera laissée E révenir ;"mais en Dauphiné, Messieurs, la nolesse a toujours marché d’un pas égal et a quelquefois devancé. On l’a vue, on l’a entendue partout, et lorsque l’étendard de la liberté a été levé et lorsque les premières Assemblées ont été formées, et lorsque des députés ont été envoyés vers le Boi, et lorsqu’ils ont demandé tout à la fois de3 Etats généraux pour la France et des Etats particuliers pour le Dauphinô, car jamais ils ne se sont isolés. El ceux qui ont sollicité si vivement, si efficacement les Etats généraux, seraient repoussés par les Etats généraux ! Et ceux qui ont fait la gloire de la noblesse seraient re-

Boussés par la noblesse I Gela est impossible, Messieurs, nous ne renverrons même point l’examen aux commissaires conciliateurs, ce serait annoncer que nous avons trouvé une difficulté où il n’en existe pas. Gentilshommes, magistrats, citoyens, nous nous empressons d’admettre et d’entendre ceux qui ont honoré la noblesse, défendu les lois et fondé la liberté !

L’examen n’est pas terminé ; mais à la pluralité de 128 voix contre 82, la contestation est renvoyée aux commissaires conciliateurs.

COMMUNES.

La séance est ouverte à neuf heures.

M. Ifinilly, doyen, dit que, la veille, à cinq heures du soir, il s’est rendu à Meudon avec MM. les adjoints, et qu’ils ont été reçus de la même manière que MM. du clergé et de *la noblesse ; il entre dans le détail du cérémonial qui a été observé. Le voici :

MM. les députés ont et’"' reçus à leur arrivée par le concierge, et introduits dans un salon tendu de blanc. Us y ont trouvé les manteaux nécessaires pour la cérémonie. Un moment après, un huissier est venu les avertir.

M. le grand maitre et MM. les maîtres des cérémonies les attendaient à la porte du vestibule, et les ont conduits dans la salle des gardes où ils ont été annoncés par l’huissier. Le grand maître des cérémonies et ses aidei sont venus dans cette pièce au-devant d’eux.

En entrant dans l’antichambre, ils ont été annoncés de nouveau. Alors MM. les sous-gouverneurs se sont présentés ; ils sont entrés tous ensemble dans la chapelle ardente.

Us y ont trouvé des carreaux sur lesquels ils se sont mis à genoux en face du catafalque, au pied duquel étaient, d’un côté, en grand habit de deuil, avec le collier de l’ordre du Boi, M. le duc d’Harcourt, gouverneur de Mgr le dauphin, etdel’autre, M. le cardinal de Montmorency, grand aumônier de France, accompagné de plusieurs autres aumôniers.

M. le grand aumônier a entonné le De profundis, après lequel les hérauts d’armes ont présenté le goupillon à MM. les députés, qui tous, l’un après l’autre, ont jeté de l’eau bénite sur le corps.

Us se sont ensuite retirés, et ont été reconduits par ceux qui les avaient introduits.

Un députe’ de Bourgogne. Je demande qu’il soit imprimé une nouvelle liste des membres de l’Assemblée d’après la formation des bureaux. (Adopté )

MM. les commissaires pour les conférences déclarent qu’ils ont recueilli toutes les notes de MM. du clergé et de la noblesse ; qu’ils s’y sont scrupuleusement • onformés, en rapportant ce qui s’est dit de part et d’autre dans le même ordre où les objections et les réponses ont été faites. Cette manière est goûtée et approuvée par l’Assemblée, qui en entend la lecture , à la suite de laquelle l’un d’eux dit que les commissaires des trois ordres se réuniront à six heures du soir chez M . le garde des sceaux, pour la clôture de ce même procès-verbal.

Les députés des colonies se présentent à l’Assemblée ; ils sont admis, non comme représentants, mais comme aspirant à l’être, les Etals généraux devant prononcer sur le jugement de cette grande question.

M. le Doyen expose que M. le cardinal de la Rochefoucauld amis sous les yeux du Boi l’arrêté du clergé relatif à la cherté des grains, auquel Sa Majesté a fait réponse.

Un membre. Je propose de renouveler les instances faites au clergé de se réunir à l’Assemblée