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sur le mot communes, et se réserve d'en parler en temps et lieu.

communes.

M. Bailly fait lecture d'une lettre de M m « de Chimay, ainsi conçue :

« M*" e de Chimay reçoit dans l'instant la ré- ponse de la Reine. Sa Majesté lui donne ordre d'annoncer à M. Bailly qu'elle recevra avec bonté et sensibilité l'hommage et les respects de l'ordre du tiers-état, mais que la juste douleur où la Reine est plongée ne lui permet pas d'en fixer le moment. »

M. Bailly lit ensuite le billet suivant de M. le garde des sceaux :

« M. le garde des sceaux prévient M. Bailly qu'il sort de chez le Roi, où il était monté pour

S rendre ses ordres sur la députation. Quoique Sa Majesté soit dans la plus profonde affliction, et que jusqu'ici elle n'ait voulu voir personne, le Roi recevra cependant demain (le billet est daté du 5) la députation du tiers-état, entre onze heures et midi : son intention est que la députation soit au nombre de vingt. »

L'Assemblée avait décidé, dans l'une des der- nières séances, que les commissaires conciliateurs et les adjoints du bureau composeraient la dépu- tation. Comme ce nombre excède celui de la dé- putation fixée par le Roi, MM. les commissaires et les adjoints se retirent dans une salle voisine pour procéder à la réduction.

Les scrutateurs rentrent, et lisent la liste des députés élus. MM; Bailly, Redon, Thouret, Bouil- lotte, Chapelier, de Volney, Target, d'Ambezieux, Rabaud de Saint-Etienne, de Luze, Milscent, Tronchet, Ducellier, Prévôt, Mounier, Mirabeau, Lebrun, Legrand, Aucler, Descottes, Mathieu de Bondeville, Pelisson.

Pendant qu'ils se préparent à partir, l'Assem- blée décide que la séance tiendra jusqu'à ce qu'ils soient de retour.

M. d'AHIy, remplissant les fonctions de doven en l'absence de M. Bailly, propose à l'Assemtilée la lecture du règlement. (Adopté.)

L'un des adjoints prend la parole. 11 annonce que le règlement se divise en deux parties, dont la première concerne la police intérieure ; et la seconde, la manière de présenter les motions, de les discuter, et de recueillir les voix.

Il est interrompu par l'arrivée d'une députation du clergé, composée de deux évêques, celui de Nîmes et celui d'Autun, et de six curés.

M. l'évêque de Nîmes, portant la parole, lit l'ar- rêté suivant :

« Les membres du clergé assemblés, délibérant sur le plan qui a été proposé au nom de Sa Majesté, relativement à la vérification et au jugement des pouvoirs, et voulant donner à Sa Majesté un nou- veau témoignage de la respectueuse reconnais- sance dont ils sont pénétrés pour ses sollicitudes paternelles, sont convenus d'accéder à ce projet provisoire de conciliation, et de manifester aux deux autres ordres le vœu qu'ils forment d'en suivre les dispositions. »

M. d'Ail ly répond aux députés du clergé que, lorsque les communes auront délibéré sur cet objet, elles feront part à l'ordre de l'église du ré- sultat de leur délibération.

M. Biauznt dit qu'il est essentiel de prendre une délibération.

M. Popnlns appuie la motion. 11 observe qu'il résulte de l'adhésion pure et simple des membres du clergé au plan de conciliation proposé, qu'ils regardent dès ce moment les conférences comme terminées. Il fait sentir l'importance d'envoyer des commissaires au clergé et à la noblesse pour leur notifier l'arrêté pris hier relativement à l'ou- verture faite par MM. les commissaires du Roi; il observe que c'est un moyen d'éviter le refus que pourraient alléguer les deux ordres pour la con- tinuation des conférences.

Cet avis étant adopté, on décide qu'une députa- tion donnera communication au clergé et à la noblesse de l'arrêté suivant :

a Les députés des communes ont pris la résolu- tion de surseoir à toute délibération sur l'ouver- ture faite par MM. les commissaires du Roi, jusqu'après la clôture du procès-verbal des confé- rences qui doivent se continuer ce soir à six heures, suivant l'ajournement de M. le garde des sceaux et le désir du Roi. MM. les commissaires des communes s'y rendront exactement. >

MM. Viguier, Le Bois-Desguais, Dusers, Mou- tier, Viellart , Grelet de Beauregard , Lavenue et Simon, sont choisis pour la députation ; ils sor- tent.

Les membres qui étaient allés chez le Roi et la Reine rentrent.

M. Bailly. Nous avons été reçus dans le cabinet du Roi, et j ai lu le discours approuvé par l'As- semblée, auquel j'ai ajouté une phrase sur la mort de Mgr le dauphin.

« Sire,

« Depuis longtemps les députés de vos fidèles communes auraient présenté solennellement à Votre Majesté le respectueux témoignage de leur reconnaissance pour la convocation des Etats généraux, si leurs pouvoirs avaient été vérifiés. Ils le seraient, si la noblesse avait cessé d'élever des obstacles. Dans la plus vive impatience, ils attendent l'instant de cette vérification pour vous offrir un hommage plus éclatant de leur amour pour votre personne sacrée, pour son auguste fa- mille, et de leur dévouement aux intérêts du monarque, inséparables de ceux de la nation.

« La sollicitude qu'inspire à Votre Majesté l'inaction des Etats généraux est une nouvelle preuve du désir qui ranime de faire le bonheur de la France.

« Affligés de cette funeste inaction, les députés des communes ont tenté tous les moyens de dé- terminer ceux du clergé et de la noblesse à se réunir à eux pour constituer l'Assemblée natio- nale; mais la noblesse ayant exprimé de nouveau sa résolution de maintenir la vérification de ses pouvoirs faite séparément, les conférences conci- liatrices entamées sur cette importante question se trouvaient terminées ; Votre Majesté a désiré qu'elles fussent reprises en présence de M. le garde des sceaux et des commissaires que vous avez nommés. Les députés des communes, cer- tains que, sous un prince qui veut être le restau- rateur de la France, la liberté de l'Assemblée nationale ne peut être en danger, se sont empres- sés de déférer au désir qu'elle leur a fait con- naître. Us sont bien convaincus que le compte exact de ces conférences, mis sous ses yeux, ne lui laissera voir, dans les motifs qui nous diri- gent, que les principes de la justice et de la raison.

« Sire, vos fidèles communes n'oublieront jamais