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Quoi qu’il en soit, et malgré les variations que lui firent subir les divers régimes qui se succédèrent, le Moniteur reste le plus important des journaux. Les autres ne peuvent servir que d’appoint.

Le plus sérieux et le plus exact de ces derniers est le père du Journal des Débats d’aujourhui, qui s’intitulait Journal des Débats et Décrets et eut pour fondateur Beaudoin, député suppléant et imprimeur de l’Assemblée nationale. Aussi est-ce celui que nous avons mis et que nous mettrons le plus largement à contribution. Nous nous contenterons de citer après, le Journal des États généraux dirigé par Le Hodey, dont le Logographe nous sera aussi d’un secours quotidien, du 27 avril 1791 au 17 août 1792.

Le Logographe fut comme le premier vagissement de la sténographie qui eut une enfance des plus longues, car elle ne sortit de ses langes qu’en 1820. A cette époque, les rédacteurs de tous les journaux se tenaient dans les couloirs aboutissant à la tribune et quelquefois se permettaient de prendre bruyamment parti pour ou contre les orateurs. Un député, M. Poyferré de Cère, s’en émut et invoqua la prescription réglementaire interdisant à tout étranger de pénétrer dans l’enceinte législative. Un autre membre de la Chambre, M. de Chauvelin, demanda que le rédacteur du Moniteur partageât le sort commun. Mais le président, M. Ravez, objecta qu’un traité venait d’être passé avec cette feuille pour la reproduction des discours et qu’il fallait la mettre à même de remplir sa tâche. A quoi un membre de l’opposition, M. de Corcelle, répliqua qu’elle avait refusé d’insérer un des siens. Néanmoins, le vote qui intervint approuva l’exception et conféra une sorte de caractère officiel au compte rendu du Moniteur forcément très-incomplet, n’étant l’œuvre que de trois rédacteurs. Ce compte rendu ne prit qu’en 1835 les proportions de l'in-extenso. Cette suprême évolution fut accomplie par le chef du service sténographique actuel, M. Célestin Lagache, qui imagina le double procédé du roulement et de la révision. Malgré la perfection de l’instrument, le président Dupin avait coutume de dire : « Le procès-verbal seul fait loi. »

P. S. — Nous donnons en tête de ce volume une pièce qui nous a paru intéressante et qui était enfouie dans les archives de l’hôtel de ville de Versailles. Nous la faisons suivre : 1o d’une liste des députés et suppléants de l’Assemblée nationale par ordre alphabétique de sénéchaussées et bailliages ; 2o d’une liste des mêmes par ordre alphabétique de noms. — Pour dresser ce double tableau qui n’existe entier nulle part, il nous a fallu recourir à un grand nombre de documents. Nous ne nous portons pas garants de l’exactitude littérale des noms : l’orthographe de beaucoup d’entre eux variant presque autant de fois qu’ils sont reproduits, nous avons été obligés de prendre un terme moyen.