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[1re Série, T. Ier ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [Introduction.]

L’orateur du clergé, après qu’il lui a été commandé par un héraut de parler, se met à genoux à un pupitre devant le roi.

Après quelques phrases, il se lève par le commandement du roi, et continue son discours debout et la tête nue. Les députés, qui sont debout et découverts quand l’orateur commence à parler, s’asseyent ensuite.

Tout cela s’observe pour l’orateur de la noblesse.

Quand à l’orateur du tiers état, il parle toujours à genoux. Pendant sa harangue, le tiers état demeure debout et tête nue, quoique le clergé et la noblesse soient assis[1].

Extrait du procès-verbal de ce qui s’est passé à l’assemblée des notables, tenue en 1626.

Voici ce qui s’est passé le 2 décembre 1626, à l’ouverture de l’assemblée des notables, qui fut tenue dans la salle haute des Tuileries, à laquelle on monte par ce bel escalier suspendu.

Ce lieu avait été gâté par le feu, du vivant de M. le connétable de Luynes ; mais tout y avait été réparé, et ladite salle fut richement tapissée.

Pour commencer par ordre, le jour de Saint-André, dernier jour du mois de novembre, la messe solennelle, pour l’ouverture de ladite assemblée, fut dite en l’église Notre-Dame par l’archevêque de Paris, où le roi y fut, avec M. le duc d’Orléans et tous les notables, excepté les cardinaux.

L’évêque de Nantes fit le sermon au milieu de la messe ; il adressa son discours, la plupart au roi, qu’il exhorta à la clémence.

L’ouverture devait être faite le lendemain premier décembre ; mais à cause d’une dispute pour la préséance[2] entre le Parlement de Bordeaux et celui de Grenoble, elle fut remise au lendemain.

Voici l’ordre qui y fut observé aux rangs et séances :

Le roi étant assis dans sa chaire, et la reine sa mère, près de lui dans la sienne, sous un dais de velours violet tout parsemé de fleurs de lis d’or. Le dais n’était pas suspendu comme à l’ordinaire, mais en forme de lit, soutenu par quatre colonnes.

M. le duc d’Orléans étant assis en une chaire, à la droite du roi, plus bas et hors du dais : ils étaient tous trois vêtus de deuil, à cause du décès du duc de Mantoue.

M. le garde des sceaux (de Marillac) était à la main gauche du roi, vis-à-vis du banc des maréchaux de France, assis en une chaire à dossier bas, la face tournée vers l’assemblée.

Derrière le roi, M. de Chevreuse, grand chambellan, était sur une bancelle, et autour du roi, les capitaines des gardes du corps, avec quelques archers.

À la droite du roi était une bancelle de travers pour les conseillers d’État.

Une bancelle derrière eux pour MM. les intendants des finances.

De l’autre côté, à main gauche du roi, une bancelle en long pour la noblesse de l’assemblée.

Puis uue longue bancelle pour les présidents et procureurs généraux des parlements, et pour le prévôt des marchands de Paris.

Et derrière était la bancelle pour MM. des cours des aides.

Entre la bancelle de la noblesse et celle de la justice, un peu avant dans le parc de l’assemblée, étaient les hérauts d’armes debout, avec leurs cottes d’armes.

Plus avant, vers l’assemblée, une bancelle du même à dossier pour MM. les cardinaux.

De ce même côté, une bancelle de long pour les maréchaux de France.

Après était encore une bancelle de travers pour les secrétaires d’État.

Puis une bancelle de long pour MM. les archevêques et évêques, et pour MM. des comptes.

Les convoqués à l’assemblée ayant pris chacun leurs places, le roi fit sa harangue en peu de mots, à son ordinaire, et leur dit :

Qu’il les avait assemblés pour remédier aux désordres et déréglements de son État, et que M. le garde des sceaux leur ferait entendre plus amplement sa volonté.

M. le garde des sceaux, sur ce commandement du roi, après deux grandes révérences, dit :

« Messieurs, si j’avais des paroles correspondantes à la dignité des choses que nous devons traiter, je ne serais pas en peine d’espérer vos attentions ; mais je vous prie de lier vos esprits à la grandeur du sujet plutôt qu’à mes discours.

« Le roi vous a convoqué en ce lieu pour avoir vos avis sur les plus grandes et importantes affaires de son État, à l’imitation des rois ses prédécesseurs, qui, en pareilles occasions, ont assemblé quelquefois les trois ordres du royaume, quelquefois des personnes choisies particulièrement, quelquefois l’un et l’autre, tout ensemble.

« Le roi Henri II, au mois de janvier 1558, voyant le royaume épuisé de ses finances, et pressé des nouvelles charges mises sur le peuple, à l’occasion des guerres, assembla, pour les nécessités de l’État, en la salle de Saint-Louis, au Palais à Paris, les trois ordres de son royaume, et outre ce, il appela les députés de toutes ses cours de parlements, comme le rapporte M. le président de Thou, au XIVe livre de son histoire,

  1. Cela s’est observé aux États de Blois ; mais aux États d’Orléans, le tiers état avait eu le même privilège que les autres, et son orateur même parlait debout.
  2. Sur la dispute pour la préséance, entre les présidents de Bordeaux et Grenoble, il fut dit qu’ils entreraient alternativement, et que celui de Bordeaux entrerait le premier.