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Et d’où vient que nous n’en trouvons trace que, pour le masculin singulier ? D’ailleurs, cette même terminaison –ַם indiquant déjà, dans les substantifs, l’affixe de la troisième personne du pluriel, il serait résulté de cette double fonction des équivoques continuelles, de sorte que si vous aviez dit à quelqu’un par exemple : « Ces hommes m’ont dit que tu as acheté ביתם », il n’aurait pu savoir si vous parliez de leur maison, ou d’une maison quelconque.

Quant au local, l’analogie établie par M. Munk semble encore moins admissible. Le local indique une direction (versùs) et n’est pas un simple accusatif. Ensuite, tous les mots terminés par ce sont milêl, et ils auraient dû, dans cette hypothèse, rester milrâ. Puis, de bonne foi, comment voir des accusatifs dans [texte hébreu] [illisible](hùc) etc. ? M. Munk lui-même, à la fin de sa note, se fait une objection assez grave, et sa réponse est presque un aveu.

Somme toute, cette théorie n’est qu’une hypothèse ; mais à quoi bon des hypothèses sur de simples désinences ? D’où vient cette autre forme adverbiale –ֹם, si proche parente de –ָם, et que nous trouvons dans הֲלם, dans פתאם, dans שלשם ? d’où vient [texte hébreu] [illisible]dans רגלי ,חפשי, etc. ? Autant demander aux Hébreux pourquoi ils avaient adopté –ים pour le pluriel masculin et –ות pour le féminin. Quelque intéressante que peuvent être ces recherches, étymologiques, elles ne peuvent aboutir qu’à des conjectures, dont l’utilité n’est pas moins contestable que la vraisemblance.

Je demande pardon à M. Munk de cette longue discussion, que je soumets d’ailleurs en toute humilité à son jugement, et je termine ce compte-rendu comme il a terminé son livre, par la préface du Kitâb al-Luma’, un des plus beaux morceaux de la littérature juive-arabe du moyen âge. Notre orientaliste en donne d’abord le texte, puis la traduction enrichie de notes philologiques et explicatives. Ni l’un ni l’autre n’étaient chose facile. Le manuscrit (unique en Europe) qui existe à la bibliothèque d’Oxford, et qui a servi de base à ce travail, est écrit en caractères rabbiniques peu lisibles, et présente un bon nombre d’omissions et d’inexactitudes ; M. Munk a suppléé les unes et rectifié les autres, soit par conjecture, soit à l’aide de la version de Ibn-Tibbôn. Quant à la traduction et aux notes, il suffira de dire qu’on y retrouve cette