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524 _ ncnrves _ vais pu concevoir l’idée odieuse de déshonorer la couche du gé- néral Stanislas, dont j‘ignorais complétementjusqu`à la présence dans mon village, ainsi que celle de sa noble épouse, absent dep uis près d’un an de la Pologne, et rentrant seulement d'bie1·. Mon discours lit quelque impression sur les arbitres de ma vie; , ils parlèrent quelques moments à voix basse entre eux, puis le président se levant, dit : n L’arrêt de l’israélite Isaac Solan (c`est mon nom) est pro- noncé et confirmé, et nulle puissance humaine ne peut plusy rien changer. Cependant, en considération de ta jeunesse, nous voulons bien t’oll`rir un moyen de salut. Isaac Solan Pisraélite, est condamné à la peine capitale; accepte le baptême, deviens chrétien, et Isaac Solan l’israélite aura cessé d’exister. n Après ces mots il frappa une seconde fois sur la table; une sorte d’huissier du tribunal entra, reçut un ordre secret du tri- bunal, et un quart d’l1eure après rentra avec un prêtre. Je reçus la proposition de mes juges avec toute l’indignation d’un israélite sincèrement attaché à la foi de ses pères, je refusai courageusement la vie au prix de ma conscience. Eh! bien, dit le président en se tournant vers le bourreau , faites votre devoir l Et le bourreau se saisit de moi. Uattouche- ment de cet homme bouleversa tout mon être; je rn’évanouis sous la pression de sa main large et robuste. Je ne saurais vous dire combien de temps je restai dans cet état; mais, revenuà moi, je me trouvai placé entre l’exécuteur et le prêtre ;_ celui·ci me regardant avec toute la sollicitude d’u_n pèr e, et m’invitant du geste à ne pas refuser la grâce qui m`était offerte; l’autre, me courant de ses yeux farouches et me montra nt avec une satisfac- tion féroce le glaive prêt à me frapper. Que vous dirai-je, mon- sieur: je combattis encore quelque temps; on me parla de mon père, de ma femme,de mon enfant; mes forces m‘abandonuèrent j’acceptai la vie et le baptême. Le lendemain, on me signifia que pour échapper aux pour- suites du puissantseigneur que favaisinvolontairement oll`ensé,il fallait m’expatrier, et que je parti rais sous bonne et forte escorte, pourla Bohème. On me prévint, en même temps, que tous mes liens avec mon ancienne famille étaientà jamais rompus, etque l’israélite Isaac Solan, devenu chrétien, n’avait plus ni père, ni femme, ni enfant israélite. Je me récriai; je me plaiguis vive- ment d’avoir été trompé; on répondit à mes justes plaintes par des menaces de mort. Arrivé dans la Bohème, je fus incorporé dans un régiment d’infanterie, et l’on m’assnre q ue des personnages haut plavéüi s’intéressent à moi. Je suis maintenant chrétien, et malgré mon entrée violente et