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nie pour les grandes affaires de religion, j'avais préalablement traduit la lettre en Giiz געז et je l'avais soumise au mamhir Gëta- kun qui se faisait une fête d'apprendre quelque chose sur les Falasha aussi peu connus des chrétiens eu Abyssinie qu'ils le sont eu Europe. Abba Yshaq avait, comme mon mamhir, presque perdu la vue en lisant à la clarté de la lune et des chétives lampes du pays : il reçut la lettre avec joie et respect et la remit à son scribe qui en fit deux copies séance tenante avec beaucoup plus de scrupule que n'en mettaient mes fameux secrétaires chrétiens dans leurs transcriptions. Je lus d'abord le texte Giiz phrase par phrase, puis le traduisis de même en Àmarinna, et j'en commentai ensuite le sens. C'est de cette façon que tous les mamhiran traitent les textes sacrés, et j'ai ainsi la conviction de m'être bien fait comprendre du père Yshaq. Il y aura aussi, je l'espère, peu d'erreurs dans les réponses, car je les sténographiai au fur et à mesure et je les transcrivis le lendemain dans le troisième volume de mon journal. En vrai supérieur, Abba Yshaq avait remis au mamhir Zaga Amlak (grâce de Dieu), le soin de répondre et se contentait d'ajouter une simple affirmation pour appuyer les dires de son élève. Quelquefois, comme par exemple à l'égard de la première question, j'insistais sur l'improbabilité de la réponse, et alors abba Yshaq parlait, mais sans ajouter rien de neuf.

Pour suivre l'ordre de mon journal et changer le moins possible la forme des réponses, je les numéroterai de chiffres arabes, en faisant précéder chacune de la question de M. Luzzato, nu- méroiée du chiffre romain correspondant.

I. En quel temps vous êtes-vous établis en Abyssinie? Les voyageurs chrétiens nous ont dit que c'a été au temps de Me- nilek, fils ou descendant de Salomon ; or, comme les chroniques abyssines portent que ce Menilek vivait à peu près 200 ans après la destruction du premier temple, nous croyons que vous êtes venus en Abyssinie dans ce temps-là. C'est une chose, ô très-sage Abba Yshaq, que nous vous prions de nous expliquer clairement, car tous les voyageurs qui nous ont parlé de vous n'avaient parlé eux-mêmes qu'avec des ignorants d'entre nos frères les juifs d'Abyssinie, qui croient y être venus au temps de Salomon et de la