tous ces exemples de sang trouvé dans le pain, sur des hosties, que la crédulité de nos pères attribuait à de coupables
maléfices ou regardait comme des prodiges de funeste présage.»
Ainsi c’est au développement de ces animalcules miscroscopiques, auxquels on donne dans la science le nom de cryptogames, que serait due la production, alors toute spontanée, d‘une sorte de liqueur rouge que les populations fanatisées prenaient pour du sang versé par des mains juives : c’est ainsi que s’expliqueraient ces terribles apparitions qu’on attribuait certainement sans preuve aux juifs, mais que rien n'expliquait.
Il paraît même que dans la note originale adressée par l’honorable M. Montagne à l’Académie (car nous n’avons sous les yeux que le compte-rendu de cette séance du 26 juillet), il allait plus loin encore et s’avançait sur un terrain où nous n’avons pas â le suivre : à l‘aide de ces cryptogames, il voulait expliquer le miracle de Moïse, l'une des grandes plaies de l’Egypte, la transformation en sang de tous les fleuves, de toutes les rivières, de tous les ruisseaux, de toutes les sources; on sait, du reste, que MM. Ehrenberg et Evenor Dupont ont vu la baie de Tor se colorer en rouge de sang sur une étendue de plus de quatre-vingts lieues, et que ce phénomène était dû à la présence d‘une algue de la tribu des oscillariées, le trycosdemium erythrœum.
Nous n’avons point à éclaircir ce point trés-important et très- controversé des dix plaies d‘Egypte; mais, pour en revenir à celui qui nous touche de plus près, nous trouvons très-naturelle et très-plausible l'explication donnée par M. Montagne.
En rendant compte de ces faits dans un journal quotidien, le physicien-abbé Moigno s’élève avec une indignation un peu déclamatoire contre l’audacieux esprit d‘investigation des savants modernes : il croirait, ce semble, la religion qu'il pratique et qu'il sert compromise, si l’explication scientifique était réelle ; il défie les savants de nos jours de répéter le phénomène biblique, même en puisant à discrétion dans l’arsenal de la science moderne; il leur reproche de ne voir dans les personnages sacrés que des magnétisés ou des magnétiseurs, dans les thaumaturges,