l l 572 aacmvss à accompagner cette Réponse de quelques courtes notes. Voici sa Réponse : C` est la première fois de ma vie que je prends la plume pour une polémi- que, et c'est bien i regret que je le fais. Quoique vivement attaqué, je me se- rais tû bien volontiers, s'xl ne s’agissait que de moi. Je tàcherai cependant d'étre succinct, mais surtout de rester fidèle i l’esprit de charité, qui doit étre l‘ame d'nn ministre de l'Église. Vous dites, monsieur le professeur, que c'est contraire à la saine philoso- phie d'aBirmer que quelque chose u cessé d‘étre vrai; « un fait, un principe » quelconque qui était hier une vérité, ne peut, dites-vons, cesser d`étre vrai n aujourd’hui. » — Je distingue, Monsieur, deux sortes de vérités : des véri- tés absolues, qui sont toujours et partout telles; et des vérités conditionnées, c’est-à-dire liées is des relations de temps, de lieux, de personnes. Les proposi- tions : Dieu existe, Pdme est immortelle, sont du premier ordre; la proposi- tion César est en vie, est du second; les premières toujours vraies, la seconde vraie, il y a dix-neuf siècles, est fausse à présent. La religion dans son essence est une vérité éternelle et absolue; dans ses formes, ou plutôt dans ses déve- loppements successifs, elle pouvait changer. Dans cela rien de contraire à Ia raison; la religion est la relation de l'homme is Dieu, et le premier de ces ter- mes ndmet changement. Appliquons ces principes à nos deux religions. La votre professait des vérités éternelles, vénérait des livres divins; cela est resté, et restera toujours. Mais elle professait aussi un dogme fondamental, dont la forme était sans doute temporaire, c‘était : le Messie doit renir. Il est incon- testable que ce dogme dans un temps donné devait se changer dans celui-ci : le Messie est venu. Cette venue était une vérité historique, qui devait s’accom- plir dans le temps, et qui, une fois accomplie, rendait nécessairement fausse la proposition du temps futur, et vraie celle du temps passé. — Je parle ici en admettant, Monsieur, votre orthodoxie, puisque je n‘ai point envie d‘entrer en
- discussion sur la théorie des Messier de M. Salvador, et encore moins sur
l celles des juifs illuminé: allemands i Or, Monsieur, ce dogme fondamental de votre religion :Ie Messie n'est pas l venu, Ie Messie doit venir, à présent je le crois faux; et ce n’est pas seule- ment moi, mais tous les chrétiens du monde, c'est-à-dire tout le monde civilisé, car vous le savez bien, Monsieur, it la mince exception près de vos coreligioa· i naires, le monde se divise en chrétien et barbare (2).
(I) Il est assez singulier que M. l’abbé Nardi compte sur l’orthodoxie de son adversaire tout en lui soutenant que la religion qu'iI professe a cessé d'é- , tre rraîe, parce que lui catholique en juge ainsi. l Que H. |'abbé Nardi ait cette croyance qui lui est nécessaire, on le com- , prend; mais qu`i| compte sur un israéiite pour en convenir, c'est singulier ! ` (2) LN géographes et les voyageurs ne sont pas de I’avis de M. Nardi·
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