464 ncmvas offrir la méme nourriture intellectuelle et morale première à des enfants d’origine si diverse, pour former leur moralité en com- mun et en élever le niveau général sans blesser les convictions particulières, pour les humaniser le plus possible par les idées et les sentiments où ils pouvaient se trouver à l'unisson , sans blesser les saintes traditions de chaque foyer domestique, il fallail choisir un terrain neutre où l’on pût les asseoir sans crainte; et ce terrain neutre n’a pu être que la littérature classique ancienne; les classiques grecs et latins, le fruit le plus savoureux d'ailleurs d’une civilisation éteinte , l’expression vivante d’un ordre de choses pour lequel l'histoire et l’impartialité ont depuis longtemps commencé, pouvaient seuls multiplier et alimenter les idées et les sentiments communs à tous, sans toucher aux endroits délicats: les idées qui sont débattues là ne sont plus des questions brûlan- tes; le paganisme qui y fait le fond, au moins apparent, des idées religieuses, n’a plus ni attrait, ni danger pour des intelligences modernes; enfin, les luttes dont il nous offre le spectacle n’ont plus d’écho parmi nous. Au contraire, les livres des Pères de l’Église sont le patrimoine d'une religion spéciale, leurs croyances ne sont pas celles de l'unanimité des hommes d’aujourd’hui, tant s’en faut, et les divi- sions religieuses dont ils offrent l’animé tableau, pourraient re- naître chez des jeunes gens élevés au sein d'une société divisée comme la nôtre. Il y aurait donc un véritable danger social à in- troduire comme matière d’instruction publique dans nos écoles, ce qui est l’apanage d’un seul des cultes dont les enfants les fré- quentent ; il y aurait une véritable injustice àélever les dissidents r avec des livres qui heurteraient les convictions inculquées à leur enfance, et on ne peut douter que nombre de parents ne refusas· sent de laisser leurs enfants s’abreuver de science à une source qu'ils pourraient regarder comme empoisonnée; que les écoles publiques ne se dépeuplassent rapidement au prolit d'écoles sépa- ratistes. ` Il y a donc une nécessité d'intérét public comme d'équité so- ciale à conserver le privilége de l’instruction publique à une lit- _ térature, religieusement parlant, neutre; littérairement, admira- ble; moralement, instructive et féconde. A une époque où les E l Digitized ny Google
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