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452 ncmvxs pauvre rabbin Pinhas (tel était son nom). Aussi serait-il mort de faim avec les siens, si un comte de l’empire, noble et généreux, ne l’avait pris sous sa protection et ne lui eût fréqnemmentac- cordé des secours. Tous les vendredis il se faisait rendre compta par le pauvre juif de ce qu’il avait gagné dans la semaine, et si le produit n'était pas suffisant pour fêter convenablement le jour du sabbat, il lui complétait ce qui manquait. Il en faisait de même la veille des autres fêtes de la religion juive. Le pauvre juif était pénétré de reconnaissance pour tant de bonté, mais ses senti- ments religieux lui faisaient considérer tout cela comme une grâce de Dieu dont le comte était le messager. Aussi l’expression de sa reconnaissance était-elle plutôt une prière à Dieu qu'un re-· mercîment au comte pour le bienfait reçu. Chaque fois que le comte lui accordait un secours, il élevait les yeux vers le ciel et disait : « Dieu, tu n’abandonnes pas tes enfants, tu es encore venu » à mon secours. » Et lorsqu'après les fêtes, le comte lui de- mandait comment il les avaitpassées, il répondait: aDieu m'a »` aidé. n Ce procédé déplut au comte qui se disait: Combien ce peuple est ingrat! Je comble ce juif de bienfaits; c’est moi qui l'aide'à célébrer ses sabbats et fêtes, et pourtant il ne parle que de Dieu; voyons si Dieu vient à son secours quand pendant un temps je lui aurai retiré ma main et que pour la fête prochaine de Pâques je lui aurai refusé mon appui. Peu de jours séparèrent cette résolution de la fête de Pâques , fête pour laquelle tout israélite fait sa provision de vivres pour huit jours; pauvre ou riche, chacun est obligé, d‘après le Tal- mud, de boire, en mangeant les pains azymes aux deux soirées de Pâques, quatre verres de vin. Le mendiant même est obligé, d’a· prèsle Talmud, de se les procurer. Depuisplusieurs années, Rabbi Pinhas recevait, de son bienfaiteur le comte, l'argent nécessaire à cette fête; mais, cette fois, celui-ci lui refusa net, en répondant à sori humble prière: alfon cher Pinhas,- pour cette fois tu te procureras le nécessaire comme tu pourras, car je suis gêné moi- méme; des rentrées de fonds m’ont fait défaut, et j'ai des dépen- ses considérables; ton Dieu te tirera d’aü`aire. n Le visage amaigri du pauvre juif s’ass0mbrit en entendant ces Digitized ny Google