t l isntxrns. ' M1 È l due d’un des leurs, et les rois de l’Europe moderne se sont attri- _ t bué le rôle de l’ange qui crie toujours aux oreilles d’Ashvérus: j dlarche, marche. » , Ainsi, cette légende, issue des traditions chrétiennes et de la l naïve ferveur des premiers âges, a, à son tour, agi puissamment sur les âmes ignorantes, et symbolisé pour tous le destin du peu- ple d’|sraël : c'était une bonne fortune pour les malveillants, pour ' le clergé fanatique, pour les souverains spoliateurs, pour les ho- r bereaux tyranniques du moyen âge, que cette histoire si claire et si facilement intelligible, que cette explication si nette etsi posi- tive de notre dispersion : aussi, tous les détails s'en sont-ils pro- , fondémeut et de bonne heure gravés dans les esprits: le Juif- Errant a toujours quelque argent dans sa poche, il est toujours en marche : ce sont là deux symboles, l'un, de l’infatigable activité des juifs, l’autre, des inépuisables ressources qu'ils trouvaient dans leur activité. Aujourd`hui encore, que la réalité n’est plus la re- production du mythe, mais qu’elle est infiniment meilleure et plus consolante, aujourd'hui encore, les masses ont toujours pré- sentes à leurs imaginations les particularités saisissantes de cette légende si éminemment féconde pour l’inspiration, qu‘e|le a_ fourui le sujet d`une épopée romantique à Edgar Quinet, et d’un roman célèbre à Eugène Sue. _ Pour nous, le mythe de Juif·Erran¢ n’est autre chose que l'his— toire poétiquement embellie de la destinée du peuple d‘lsraë|; la dispersion qu’il subit. depuis plus de dix-huit siècles n'cst pas une vengeance, mais une épreuve: elle n’est, elle n`a été un mal ma- tériel que pour ceux qui l`ont subie; elle a été un bien moral pour les sociétés chrétiennes au milieu desquelles elle s’est accomplie, et qui en ont profité sous bien des rapports. Pendant que le dogme de l’unité de Dieu se propageait parmi les nations, mais en subissant les plus graves altérations, il était bon et utile que ceux qui l`ont conservé pur de tout mélange fussent mêlés aux peuples, et manifestassent, par leur propre exemple, quel prix il faut attacher à préserver de tout contact important un prin- cipe aussi adultère. Quand le jour de la justice a lui, on a senti ce qu’il y avait dans le Juif-Ermnt de foi, de résignation, de courage et de ressources : la pitié n commencé pour lui, bientot suivie du respect, et on lui a donné au comniun banquet des na- tions une place qu’il avait assez méritée, et ceux ui l'en avaient , exclu si longtemps ont fait amende honorable (dans les lois et l les institutions. l A tout prendre, cette symbolique description de notre sécu- laire exil est un titre de gloire pour nous: le malheur qu'on sup- porte relrempe ceux qui le supportent, la persécution courageu- sement endurée grandit ceux qui l'endurent; aujourd’hui, ce Digitized ay Googlc
�