xnmuns. 575 ment; il devenait alors soucieux, préoccupé. On eût dit que le doute commençait à sourdre dans cette âme si naïve et si pure. Je ne pouvais pas, dans ce temps, bien apprécier ces évolutions de la pensée religieuse de mon jeune ami. Quoi qu’il en soit, les impres- sions du jeune âge, l’éducation primordiale se gravent si profon- dément dans notre cerveau malléable, que jamais, durant les trois années que nous vécùmes ensemble, il ne se départit entièrement de ses habitudes de dévotion outrée , dont il avait fait un besoin machinal de sa vie. Je ne veux point vous faire l’historique de ces quelques an- nées, d’ailleurs sans intérêt pour le cours de ce récit. Arriva donc l’instant fatal de la separation ; il fut pénible de part et d'autre. Nous nous promîmes mutuellement de nous voir souvent, sinon, de nous écrire au moins une fois par mois. De ce jour, nous entrâines tous les deux dans la vie active. ll devait aller voir sa mère et son aieul, et de là reveni.r à Paris pour apprendre le commerce; car il espérait établir une maison de banque, ce qui devait lui étre facile avec la fortune importante de son grand-père. Pour moi, je commençaî, quelques temps après, cette vie de voyages dont le goût ne m’a pus encore quitté , malgré les fati- gues et les ennuis. Six mois à peine expirés, nous nous étions écrits deux fois; il m’avait oublié , et pour ne rien céler, je dois dire aussi que, de mon coté, d’autres occupations l`avaient peu à ` ` peu éloigné de mon souvenir. Nous avions vingt ans. Heureux âge, où la viese présente ouverte devant nous comme l`Éden des bienheureux ! comme l'Eldorado de la Iiction voltairienne, où le bonheur doit être inévitable, où le plaisir et la joie sont les seules émotions qu’on semble devoir éprouver. On s'élance joyeux vers cet avenir séduisant. Tout est beau , tout est bon; la pensée ne touche à rien sans Pemhellir et le colorer. Mais qu’il est douloureux, comme écrit lord Byron, de tomher du ciel de nos aspirations sur la grève dure et froide de la vic matérielle. Quelle déception! Plus tard, nous découvrons chaque jour un mensonge nouveau dans ces fallacieuses promesses de félicité. Plus on avance, plus le but recule. Le bonbeur est comme DigiliZïbyGOOg[€
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