rsnssntvss. 525 ques du talent à la fois mystique et métaphysique de M.`Laemlein, ` tout en agissant fortement sur la foule par son coté historique- ment et traditionnellement accessible: c'est là, nous le répétons, un de ces sujets pleins d’horizons pour le poete, pour le penseur et pour le simple croyant, où l’on peut à la fois rêver et crayonner nettement: l'i|lustre prophète et législateur est mort sans avoir vu la Terre-Promise, sans avoir été témoin de Pétsblissement de ceux qu’il avait délivrés: sa morta été entourée d‘un voile impé- nétrable : l’ange de la mort aurait, suivant la légende, reculé devant ce vaste front qui dardait, dit M. Th. Gautier, deux jets de lumière, semblables à des cornes, et il aurait fallu que Dieu tranchât lni·même cette grande existence, et qu’il vint lui—même avec ses chérubins enlever le corps et dérober à tous les yeux la moindre trace de cette inort mémorable. M. Cabanel, s`inspirant de ce grand sujet, a placé le lieu de la scène sur uue haute montagne, aride et nue; le ciel est rougi des fcux du soleil couchant, et s’harmonise mélancoliquement avec le drame qui s’accomplit : Moïse, étendu à terre, les pieds déjà roidis par le froid de la mort, mais les yeux encore ouverts, est soutenu par deux anges: un troisième prépare le cercueil: une immense barbe blanche inonde la poitrine du prophète: dans les anges, la grâce et la force se mêlent avec bonheur. ll est impossible de n’ètre point frappé de la beauté et de la majesté de ces trois figures; l'écueil véritable était dans la figu- ration de Dieu; cette représentation, sous des formes quelconques de la divinité, que réprouve absolument le judaïsme et que con- damne, avec non moins de force, la philosophie, ne pouvait être un obstacle suffisant pour arrêter un chrétien et un artiste : seu- lement- M. Cabanel, au lieu de représenter, suivant les errements ordinaires, Dieu comme un vieillard, le figure comme un homme dans toute la force de l‘âge : trois anges Yaccompagnent, deux séraphins le soutiennent; d‘un geste il sépare l'esprit dela ma- tière au profit de son prophète mourant, et accomplit ainsi, avec la rapidité de l'éclair ,~ ce que l’ange de_la mort n’avait pu ' faire. I L’idée de prêter une forme sensible à cette admirable légende. atteste beaucoup d’élévation d’idées et de force de conception chez l Digitized ny Google
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