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ISRAÉLITES.

constitue la Pneumatologie ou les esprits intermédiaires entre Dieu et l’homme ; monde qui nous apparaît brusquement dès le début du Pentateuque, sans que nous ayons même appris le mode ni l’époque de sa création ; qui se dessine peu à peu d’une manière plus nette et plus tranchée, notamment dans les derniers prophètes ; qui se développe surtout dans les rapports ultérieurs du peuple juif avec les Chaldéens et les Perses, et qui, plus tard, donnera naissance aux théories mystiques du Zohar et aux nombreuses aberrations dont ce livre sera la source ou le prétexte.

À cet exposé, nécessairement sommaire et superficiel, succédera l’histoire plus détaillée des diverses sectes ou écoles spéculatives, qui, dès le deuxième et peut-être le troisième siècle avant l’ère chrétienne, se sont produites dans le judaïsme, soit en Égypte, soit en Palestine, sous l’influence de la philosophie grecque, combinée avec celle de l’Orient. C’est alors que se développe pour la première fois, chez les juifs d’Alexandrie, la tendance spiritualiste appliquée à l’exégèse de la Bible, tendance qui se révélera plus tard, avec toute la cohésion d’un système complet, dans les nombreux écrits de Philon[1] ; c’est alors qu’apparaissent en Égypte les Thérapeutes, en Palestine les Pharisiens et les Saducéens, dont l’antagonisme renaîtra dix siècles plus tard, avec des analogies frappantes, dans la lutte du rabbanisme et du karaïsme ; puis encore les Esséniens, cette école si intéressante et si mal connue encore, dont on ignore jusqu’au vrai nom, mais qu’entoure, dans notre histoire, une double auréole de piété austère et de mysticisme contemplatif ; c’est alors enfin que sont remuées et diversement résolues ces redoutables questions du monde futur, de la Providence et de la fatalité, et cette autre question vitale du judaïsme, l’authenticité de la tradition orale.

La collection de la Mischna et surtout des deux Talmuds, renferme une foule de données précieuses pour le dogme, notamment pour ses parties les plus mystérieuses et les moins accessibles à la raison humaine[2] : mais ces données appartiennent,

  1. 40 après J.-C.
  2. Telles que la pneumatologie et l’eschatologîe.