croissant du libre examen. L’interdit subsiste en dépit de l’éloquente protestation de Yédaïah ha-Penini[1], qui nous est parvenue dans l’ouvrage même de son illustre adversaire, ש״ות רשב״א. Les deux autres, nommés vulgairement ר״י ששת et רשב״ץ , tous deux émigrés de l’Espagne, se succèdent sur le siége synagogal d’Alger, et leurs consultations, notamment celles du second, qui a fait souche de savants et d’hommes distingués dans l’Algérie[2], sont un véritable trésor de documents pour l’histoire juive et même pour l’histoire politique de cette époque. Nous passerons rapidement sur le quinzième siècle, véritable temps d’arrêt pour la halakha, et qui vit naître et fleurir dans tout son éclat, en France et en Allemagne, cette controverse oiseuse restée célèbre sous le nom de Pilpoul ; discussion sans but pratique et pour l’amour de la discussion ; scolastique prodigieuse dans ses moyens, stérile et vide dans ses résultats. — Dans ce siècle cependant, où nous voyons pour la première fois figurer le titre de מורנו[3], quelques célébrités casuistiques mériteront aussi de nous occuper : les Jacob Molin (מהרי״ל), les Israël Aschkenazi ou Isserlein (בעל תרומת חדשן ), les Joseph Kolon (מהרי״ק), etc.
Le seizième siècle et les deux suivants se signalent, soit dans l’Orient, soit dans l’Italie et l’Allemagne, par d’importants travaux rabbiniques. C’est ainsi qu’Obadyah de Bertinoro[4], rabbin à Jérusalem, publie un commentaire de la Mischna, chef-d’œuvre d’exactitude et de lucidité ; c’est ainsi qu’en Égypte les Moïse Alaschkar, les Betzal’êl Aschkenazi, les Jacob Castro[5] ; en Palestine, les Jacob Bérab, les Moïse de Trani ; en Italie, les Juda de Mayence (מהר״י מינץ) et les Méir de Katzenellenbogen (מהר״ם פאדוא)[6] ; en Allemagne et en Pologne, les Salomon