successeur, s’enfuit en Espagne avec sa famille, fut nommé premier rabbin à Tolède, et, associant à son immense érudition talmudique la sage méthode des Espagnols, y élabora entre autres son important ouvrage sur le Talmud, dont le plan est calqué sur celui d’Al-Fâssi, mais naturellement plus développé, puisqu’il put l’enrichir de tous les résultats qu’une active controverse de deux siècles avait ajoutés à l’œuvre première. À ce titre, le recueil de R. Ascher jouit d`une autorité plus grande encore. Son fils, R. Jacob, non moins célèbre, a extrait, sous le nom de פסקי הראש, la substance de cet ouvrage ; mais ce qui le recommande surtout à la reconnaissance de la Synagogue, ce sont les Arba Tourîm ou quatre Codes[1] auxquels il doit son surnom de Baal Hatourîm, et qui sont au recueil de R. Ascher, ce que le Yâd Chazaka est au recueil d’Al-Fâssi, avec cette différence que Maïmonide s’est appuyé principalement sur les données des Gheônîm, tandis que R. Jacob a pu mettre à profit tous ses autres prédécesseurs ; avec cette différence essentielle encore, que Maïmonide, comme je l’ai dit, a embrassé dans son plan le judaïsme entier, de tous les temps et de tous les lieux, tandis que R. Jacob n’a fait entrer dans le sien que le judaïsme pratique, celui de l’exil et de la dispersion.
La plupart des docteurs qui se sont succédé dans la Synagogue depuis l’époque des Gheônîm, ont écrit, indépendamment d’autres ouvrages plus ou moins importants, un très-grand nombre de recueils casuistiques connus sous le nom de שאלות ותשובות (consultations). Nous aurons à relever incidemment dans le cours de cette histoire, et selon leur occurrence chronologique, les plus notables de ces documents. Mais le xive siècle, auquel nous sommes arrivés, nous arrêtera spécialement à ce titre, car au commencement de ce siècle, nous rencontrons Salomon ben Addéreth, et dans son dernier tiers, Isaac ben-Schéscheth et Simon ben-Tsémoch Dourân. Le premier, chef de la synagogue à Barcelone, fulmine[2] le célèbre interdit contre les études philosophiques, qui menaçaient d’étouffer l’orthodoxie sous le scepticisme