168 · neuves de ll. Wihl était ailleurs; ces joutes stériles d'une seolastique suranuée, bonne pour les philologues, ne devaient séduire que médiocrement celui dont l imagination poétique entrevoyait déjà des horizons plus riants et plus larges. ll passa donc au eollége de Cologne où il tit des études si brillantes qu’elIes lui attirèreut l’honorable mais inutile protection de l‘archevéque de Cologne, le comte Spiégel de Desenberg. Ilais, quelque grande que fût la bienveillance du respectable prélat pourle jeune israélite, les pré- jugés des Allemands contre les juifs Pemportèreut, etlej euneWihl, qui avait sollicité une chaire de professeur à son retour de l’Uni· versité de Cologne, n’obtint qu’un refus basé sur sa qualité de dissident. Au sortir du collége, il alla. selon l`habitude allemande faire son stage dans les universités. ll visita celles de Bonn et de llunich. Son goût pour les belles-lettres et la poésie s`était déti- nitivement décidé. Déjà il s‘était attiré l’attention du monde sa- vant par un travail pour le doctorat, sur les inscriptions phéni- ciennes; il prit ensuite part à la rédaction de l'Amiuaire artistique et littéraire, espèce de journal dont les colonnes étaient devenues comme l‘arène où venaient s'essayer tous les jeunes talents poé- tiques contemporains. Wihl y tit insérer quatre~vingt-dix chants qui lui valurent l’amitié du philosophe Schelling, de Chamisso et de M. Alexandre de Humboldt, qui dès lors ne cessa de s’in- téresser au jeune poëte; mais encore unefois, ce n'étaient là que des essais; Wihl sentait en lui des trésors de poésie, mais il ne _ savait encore en quel sens les répandre: il cherchait sa route et cette route il la trouva bientôt : il voulait et devait étre poëte ieraélite. Les impressions de son enfance lui revinrent vives et poétiques; cet intérieur tout patriarcal de la modeste demeure de ses vieux parents, les tribulations de ses frères auxquelles il avait de bonne heure compati , l'état d’abjection ct d’exclusion • où ils vivaient sous le despotisme d‘un gouvernement si injus- tement intolérant, puis le judaïsme avec toutes ses gloires pas- sées, et aussi avec toutes les espérances de régénération et de grandeur dans un avenir inconnu, voilà ce qui frappa le jeune Wihl, voilà ce qu`il voulait chanter. ll tenait aussi, et surtout, àre- lever le courage de ses frères, à les ennoblir aux yeux de leurs frères d‘un autre culte, en chantant leurs malheurs et leurs gloi- res, et il voulait leur conquérir la liberté en appelant sur eux l'intérêt, la compassion et l'admiration publics. Et il voulait, comme il le dit lui-même quelque part, vaincre et attendrir les ennemis des israélites, non point en tirant contre eux le glaive de Saul, ce qui eût été aussi impossible qu‘insensé, mais en pre- nant en main la harpe de David, et il compose un recueil de poésies lyriques dont nous parlerons plus tard, et qui lit sa ré- putation. Ces poésies eurent, il est vrai, beaucoup de succès, ` Digitized ny Google L
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