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THÉORIE DE LA FEUILLE.

dis que les feuilles du rameau se développent toujours de bas en haut. Aussi n’a-t-on guère insisté sur cette manière de concevoir la feuille, dont tous les essais de définition sont jusqu’ici restés infructueux.

Une étude récente des feuilles des Piperacées m’ayant conduit à envisager le mode de disposition et de développement de leurs faisceaux fibro-vasculaires, je me suis vu ramené, par un sentier différent, à cette grande question de la véritable nature de la feuille[1]. La structure intérieure de certaines feuilles de Piperacées m’a paru re présenter tout à fait celle d’un rameau dont la moitié postérieure serait atrophiée. J’ai eu, en effet, l’occasion d’observer plusieurs cas dans lesquels la formation fibro-vasculaire, ordinairement limitée à la moitié antérieure de la feuille, se continuait dans toute la région postérieure sous la forme de faisceaux de collenchyme identiques à ceux qui accompagnent chaque faisceau ligneux de la région antérieure (P. sidefolium L.). Cette observation, suggérant la possibilité d’une formation de faisceaux ligneux dans tout le pourtour d’un limbe, m’avait naturellement reporté à la comparaison de la feuille et du rameau, et je m’étais hasardé à définir celle-ci comme un rameau à face postérieure atrophiée. Cette hypothèse avait besoin cependant d’être justifiée par des faits plus variés que ceux que peut offrir une seule famille de plantes ; aussi me suis-je appliqué à continuer l’étude de la répartition des faisceaux ligneux dans des feuilles aussi diverses que possible. Il s’en faut, sans doute, de beaucoup que la tâche que je me suis imposée ait été entièrement remplie, mais comme les premiers résultats obtenus me semblent

  1. Cas. D.C. Mém. sur la famille des Pipéracées, dans les Mém. de la Soc. de Phys. et d’Hist. natur., tome XVIII.