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MASSACRE
DE LA SAINT-BARTHÉLEMY.




AVERTISSEMENT.


Un jugement impartial demande un juge impassible. Malheureusement ce calme nous abandonne devant les événements si odieux, au premier aspect, qu’une discussion sérieuse annoncerait une hésitation coupable et que l’horreur pour eux fait partie de la conscience publique. Le zèle à flétrir l’existence et à prévenir le retour du mal se manifeste avec une sorte d’émulation dont chacun tire honneur ; celui-là ne serait pas juste qui le serait justement ; les rapports les plus noirs offrent les renseignements les plus sûrs, et la crainte d’affaiblir expose au péril de calomnier. Cependant les jours s’éloignent, les hommes s’éteignent, les choses se calment. Survivant au dernier retentissement des commotions sociales, la vérité réclame alors ses droits imprescriptibles. Les excès soufferts perdent cette proximité menaçante qui nous les rendait personnels, la conscience révise les arrêts de la colère, une condamnation devient un procès ; la postérité monte enfin sur son tribunal, et deux poids sont jetés dans la balance. Le massacre de la Saint-Barthélemy doit-il compter parmi les phénomènes qui d’abord ne permettent pas d’examiner sans trouble et de prononcer sans appel ? L’histoire en aurait-elle envenimé les causes, oublié les circonstances, exagéré les résultats ? Les victimes de cette journée ont-elles péri l’âme pure de