lettres du mareschal de Montmorency à Théligny, du vendredi 22 d’aoust, après la blessure de l’amiral, en response de celles que Théligny luy en avoit escrit ; et furent lesdictes lettres trouvées dans les coffres et entre les papiers de Théligny mort. Par icelles, le mareschal de Montmorency monstroit ouvertement le desplaisir qu’il avoit receu entendant la blessure de l’amiral son cousin ; qu’il ne vouloit pas en poursuyvre moins la vengeance que si l’outrage eust esté fait à sa propre personne, n’estant pas pour laisser en arrière chose qui peust servir à cest effect, sachant combien un tel acte estoit desplaisant au Roy.
Or avoit-il esté conclu au secret conseil, d’entre le Roy, la Royne mère, Monsieur, frère du Roy, le duc d’Aumale, le duc de Nevers, le comte de Rets, Lansac, Tavanes, Morvilliers, Limoges et Villeroy (tenu quelques jours avant la tuerie), qu’aussitost que l’amiral et les huguenots seroyent dépeschez dans Paris, le duc de Guyse et ceux de sa maison vuideroyent et se retireroyent hors de Paris, en quelqu’une de leurs maisons, afin qu’il semblast mieux à toute la France et aux régions voisines que c’estoyent ceux de Guyse qui avoyent fait le tout sans le sceu du Roy, pour venger sur l’amiral et autres huguenots la mort du vieux duc de Guyse, qu’un huguenot avoit tué aux premiers troubles de France. Voilà pourquoy, en ses lettres du dimanche, il avoit le tout jetté sur ceux de Guyse. Mais ceux de Guyse, voyans l’atrocité du faict avenu et considérans qu’ils attiroyent sur eux et leur postérité l’ire de tous hommes à qui l’humaine société est chère, et, par conséquent, se mettoyent en butte à laquelle chacun viseroit, comme sur les seuls autheurs et coulpables ; prévoyans, di-je, le mal qui leur en pourroit avenir, estans retournez dans Paris, n’en voulurent sortir