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par lettres, les avertissoyent de se tenir coys, en attendant l’issue telle qu’il plairoit à Dieu d’envoyer.

Ce jour-là, Monsieur, frère du Roy, et le chevalier d’Angoulesme, se pourmenoyent dans un coche par la ville de Paris, environ les quatre heures après midy ; dès ceste heure-là il courut un bruit dans Paris que le Roy avoit mandé le mareschal de Montmorency pour le faire venir à Paris avec un grand nombre de cavalerie et d’infanterie, que partant les Parisiens avoyent occasion de se prendre garde ; mais ce bruit-là estoit faux.

On vit entrer ce jour-là six crocheteurs chargez d’armes dans le Louvre, de quoy Théligny, averti parle trompette de l’amiral, respondit que c’estoyent des peurs qu’on se donnoit sans occasion ; qu’il estoit très asseuré de la bonne intention du Roy, qu’il cognoissoit fort bien son cœur et ses affections ; qu’on ne devoit pas se faire accroire des choses tant hors de propos. Je crois que Théligny n’y pensoit aucun mal, d’autant que, le jour devant la blesseure de l’amiral, on avoit ordonné certain combat et assaut qu’on devoit donner à un chasteau qui pour cest effect devoit estre dressé, à quoy les courtisans estoyent conviez de se préparer.

Le Roy, pour assembler les seigneurs et gentils-hommes huguenots en un quartier, leur fit à tous marquer logis près celuy de l’amiral, pour luy estre plus près et à poinct ; quelques-uns y allèrent loger, les autres ne peurent si tost changer de logis.

Le comte de Montgomery, Briquemaut le père et quelques autres gentils-hommes, avoyent mandé à Théligny que, s’il vouloit, ils iroyent volontiers veiller au logis de l’amiral ; mais Théligny les remerciant leur manda qu’il n’estoit jà de besoin.

Cependant les autres veilloyent ; le chevalier d’Angou-