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Dieu, et au Roy le jugement ; quant à l’autheur du faict qu’il estoit assez bien cognu. Et pour ce qu’il ne sçavoit s’il avoit encores longuement à vivre, il supplioit très humblement le Roy de l’ouyr sur certaines choses qu’il luy voulait communiquer, qui estoyent très nécessaires à l’estat de son royaume.

Le Roy, à ceste demande, ayant fait semblant de vouloir ouyr l’amiral en secret, commanda que chacun sortist de la chambre, quand la Roy ne mère, qui n’abandonnoit le Roy d’un pas, empescha (je ne sçay pourquoy) que ce colloque secret ne se fist.

Le samedi suyvant, 23 d’aoust, les playes se portoyent assez bien, tellement que les médecins et chyrurgiens disoyent que la vie de l’amiral n’en estoit en aucun danger ; que le bras, en perdant bien peu de sa force, seroit aisément guéri.

Ce jour-là de samedi, le Roy envoya visiter l’amiral par divers gentils-hommes. La nouvelle espousée i’alla aussi visiter.

Ce mesme samedi, dans le conseil privé du Roy, furent examinez certains tesmoins touchant l’arquebouzade, le tireur et les coulpables, tellement que l’amiral et ses amis, croyant que la voye à justice leur fust ouverte, se resjouissoyent grandement, s’asseurans de pouvoir facilement convaincre les autheurs du faict ; de quoy ils advertirent leurs amis en plusieurs endroits du royaume, par des lettres qu’ils leur escrivirent, les prians de ne bouger et ne se fascher de ce qui estoit advenu à l’amiral ; que Dieu et le Roy estoyent puissans d’en faire la vengeance, que desjà on commençoit à procéder contre le coulpable et ses fauteurs par justice, et les blessures n’estoyent pas, Dieu mercy, à mort ; que, combien que le bras fust blessé, le cerveau ne l’estoit pas. En ceste façon les consolant