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RÉSIGNATION.

qu’elles ne savent plus comprendre le bien qui leur arrive. Enveloppée dans sa tristesse, dans son découragement de toutes choses, comme dans un voile épais qui lui cachait le monde extérieur, Ursule ne voyait rien, n’interprétait rien, ne s’agitait de rien. Elle resta sous les regards de Maurice comme elle avait été sous les miens, abattue et résignée.

Quant à Maurice, je ne savais pas clairement ce qui se passait dans son cœur. Il n’avait pas d’amour, je le crois du moins ; mais la pitié que lui inspirait Ursule allait jusqu’à l’affection, jusqu’au dévouement. Ce jeune homme, un peu exalté et rêveur, aimait l’atmosphère de tristesse qui régnait autour d’Ursule ; il venait là, près d’elle, dire du mal de la vie, blasphémer contre ses bonheurs, ne parler que de ses mécomptes, sans s’apercevoir que de cet échange de tristesse s’exhalait dans ces deux âmes, jeunes encore, une douce sympathie qui allait ressembler au bonheur dont ils niaient l’existence.

Enfin, quelques mois après, un soir encore, sur la lisière d’une forêt, marchant au milieu de