devinât pas mes pensées. Je croyais, j’espérais presque qu’il comprenait mon trouble intérieur ; mais hélas ! peut-être n’en était-il rien… Il y a tant de choses qui ne se disent qu’avec les paroles.
C’était le soir, un de ces beaux soirs d’automne où tout est calme et reposé ; pas un souffle d’air n’agitait les arbres que coloraient les derniers rayons du soleil couchant. Il était impossible de ne pas se laisser aller à une douce rêverie, en présence de cette belle nature qui endormait à cette heure-là tout ce qui avait vie dans son sein — hors l’homme, qui veillait pour penser. C’était un de ces moments où l’âme s’attendrit, où nous devenons meilleurs, où nous sommes prêts à pleurer, sans chagrin cependant.
Je levai les yeux ; du bout de la ruelle j’aperçus Ursule. Un dernier rayon de soleil éclairait sa tête ; ses cheveux noirs en recevaient un lustre inaccoutumé. Un peu de joie passait dans ses yeux en me regardant, et elle souriait de ce triste sourire que j’aimais tant. Sa robe noire, à longs plis tombants, dessinait sa taille que la maigreur rendait bien