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RÉSIGNATION.

du bonheur devant elle, c’eût été comme parler d’un ami ingrat devant ceux qui sont oubliés de lui.

Par une belle matinée d’automne, à quelques mois de là, j’allais sortir de chez moi pour me rendre chez Ursule, quand un jeune lieutenant du régiment en garnison dans la petite ville que j’habitais vint me voir ; me trouvant prête à sortir, il m’offrit son bras et se dirigea avec moi vers l’étroite ruelle d’Ursule. Le hasard me fit parler d’elle, de l’intérêt que je lui portais ; et, comme le jeune officier, que j’appellerai Maurice d’Erval, semblait prendre plaisir à cette conversation, je marchai plus lentement. Quand nous atteignîmes la maison grise, je lui avais raconté toute l’histoire d’Ursule. Il la regarda avec intérêt et pitié, la salua et s’éloigna. Ursule, interdite par la présence d’un étranger, quand elle s’attendait à ne voir que moi, avait légèrement rougi. — Je ne sais si ce fut à cause de cet instant d’animation de son teint, ou si ce fut seulement par le désir que j’en avais, mais la pauvre fille me parut presque jolie.

Je ne pourrais dire quelles vagues pensées traver-